Les rencontres littéraires
Edmond Morrel rencontre les écrivains à l’occasion de la publication de leurs derniers livres. Il les interroge aussi sur leur façon de travailler, sur leur style, sur leur approche de la littérature ou de l’écriture, sur les rapports avec la lecture, avec l’Histoire, avec le monde comme il va...
S'abonner au flux rss / podcast de LittératureEn écoutant Michel Le Bris raconter, les yeux pétillants, la genèse du roman qu’il consacre aux deux réalisateurs et producteurs du chef d’oeuvre "KING KONG", on ne peut s’empêcher de penser que les huit années qu’il a consacrées pour ce roman aux recherches documentaires puis à l’écriture ont été une sorte de jubilation exaltante comparable à celle, que nous avons éprouvée à la lecture des 900 et quelques pages de son dernier roman "KONG". Huit années au cours desquelles le créateur du festival "Etonnants Voyageurs", a exploré tout ce qui pouvait nourrir ce projet inscrit dans la continuité du précédent roman "La beauté du monde" (consacré aux cinéastes documentaires Martin et Osa Johnson, pionniers des films animaliers)
Svetlana Alexeievitch a bien voulu accorder un interview à PEN Club Belgique, dont elle a accepté de devenir membre honoraire. Au cours de cet entretien, traduit par Aude Merlin (spécialiste de la Russie et professeure à l’Université libre de Bruxelles), elle aborde au micro de Jean Jauniaux, les différentes facettes de son art, sa méthode de travail, et cette inlassable quête de sens que la littérature lui permet d’explorer.
Julien Bosc est poète et éditeur de poésie contemporaine. A ces deux titres il occupe une place rare et indispensable dans la littérature française du XXI ème siècle. « Le phare du Cousseix » est à la fois le lieu où il habite, en Creuse, depuis vingt ans, et le nom qu’il a donné en 2013 à l’indispensable collection de poètes qu’il y publie à raison de cinq par an. (...)
A Cousseix nous avons rencontré l’éditeur et le poète . Nous l’avons interrogé sur ces deux démarches. Il les évoque avec la réserve de l’artisan, conscient de la part d’inconnu qu’il explore. La parole lui semble parfois effleurer seulement l’ambition idéale du poète éloigné de la table d’écriture et qui se croit maladroit. A l’écouter vous entendrez qu’il n’en est rien : la sincérité de l’artisan place les mots à leur juste place, authentique et sincère. Il nous lit enfin quelques fragments de ses poèmes que d’ores et déjà il s’agit de placer aux côtés des classiques, vrais poètes de notre siècle.(...)
La collection "Lettres turques" chez Actes Sud est dirigée par le romancier et traducteur Timour Muhidine. Spécialiste de la littérature turque, il enseigne la littérature turque à l’Inalco (Institut nationales des langues et civilisations orientales). Il est traducteur, notamment de Nedim Gürsel et de Ahmet Hamdi Tanpinar.
Nous l’avons rencontré dans les locaux parisiens de la maison d’édition créée en Arles par Hubert Nyssen à propos d’ Asli Erdogan, romancière, journaliste, militante du droit à la liberté d’expression,condamnée en Turquie à une peine de liberté conditionnelle en attendant le procès au terme duquel l’auteure du "Bâtiment de pierre" risque une peine de prison à perpétuité pour avoir collaboré à un quotidien pro-kurde.
Certains romans vous empoignent littéralement dès les premières lignes et ne vous lâchent qu’au terme d’une lecture tout au long de laquelle vous avez conscience de ne pas sortir indemne. "Les contes défaits" , premier roman d’Oscar Lalo, est de ceux-là.
Le narrateur adulte essaie de reconstituer au fil des chapitres courts d’un journal saccadé comme par des sanglots, la violence dont , enfant, il fut la victime : le train qui chaque été emmenait un convoi d’enfants livrés au home dans lequel ils étaient livrés aux sévices sexuels du couple de Thénardiers qui le dirigeaient. Aucune des tortures infligées n’est décrite. L’écrivain n’a pas besoin de ces mots là pour que nous frémissions de douleur partagée et de compassion pour l’enfant : "Quand (il) avait les yeux dans le vide, c’est que l’homme est passé par là."
La faculté des romans est de transformer et de nourrir notre regard sur les univers qu’ils dévoilent : "les contes défaits" en sont une démonstration éclatante.
Un roman est une rencontre entre un lecteur et un univers. Il est aussi une page blanche sur laquelle ce même lecteur ré-écrit l’histoire que le romancier lui propose. Les premiers moments de cette rencontre se construisent par fragments : un titre, une illustration de couverture , quelques mots biographiques en quatrième de couverture, une phrase lue au hasard de cette "première fois" que le lecteur ouvre le livre, au hasard ou en allant chaque fois à la même page. On dit que Marguerite Yourcenar ouvrait chaque nouveau livre qui lui était envoyé à la page 28. Si ce qu’elle y trouvait la captivait, elle lisait alors tout le livre.
En ce qui me concerne, j’ai ouvert "La Maison" à la page 11 et j’y ai lu la naissance d’un bébé, né d’une prostituée et d’un de ses clients réguliers. Ce bébé allait devenir le protagoniste principal du roman, Clovis Hammeur, dont le destin nous est raconté par une narratrice inhabituelle, la "maison" qui donne son titre au premier roman de Marie Klimis, jeune femme qui déboule en littérature avec un roman inscrit effrontément dans le sillage du "réalisme magique" dont elle aime se revendiquer, avec des personnages aussi improbables que le village (Canon) et l’époque où ils surgissent : une petite fille chevauchant un mouton, un gamin liseur d’histoires qui deviendra écrivain public, Clovis qui par amour fou bâtira une maison pour plaire à sa belle qui jamais ne s’en contentera, Constance cuisinière dont la chère et la chair consolent de tous les chagrins, en particulier lorsqu’elle confectionne des recettes au chocolat... La liste des inattendus serait trop longue pour la continuer ici. Entrez dans ce roman, laissez vous porter par cette fable dont l’écho résonnera longtemps après la lecture, revenez ensuite au hasard dans tel ou tel chapitre pour vérifier que la magie hypnotique de ce roman, de ses personnages, de son style ne s’altère pas. On aimerait que Clovis Hammeur, Aurore, Bernard (le mouton), Jules, Pierre le camelot, Horace le forgeron, Perceval Poulet (l’homme aux oiseaux), Antoine Gredin (le marionnettiste), l’Artiste, Mrs Harrison, Constance (la cuisinière ensorceleuse), et tous les autres, même ces armées qui un jour par on ne sait quelle aberration de l’Histoire décident de faire le siège du village de Canon !, on aimerait que tout ce beau monde tombe un jour sous les yeux d’un cinéaste de dessin animé ou d’un Tim Burton qui y trouverait certainement matière à inventer une de ces fantasmagories dont il a les secrets et que "La maison" lui inspirerait.
Avant que vous n’entriez dans une librairie pour feuilleter le livre et en lire la page 11, en voici quelques lignes, situées au fond d’une mine de charbon : "Les mineurs furent surpris de voir une femme enceinte et toute de rouge vêtue parcourir les galeries au pas de course, mais pas un n’osa l’arrêter, intimidés qu’ils étaient par son état et son air furibond.Finalement, l’un d’eux lui indiqua une petite cavité où son amant dormait comme un bienheureux, couché à même le sol. Cela la mit dans une fureur noire. Elle réveilla le jeune homme en hurlant, le secoua, le bombarda de coups de poing et le traita de tous les noms, ses cris résonnant à des centaines de mètres dans les galeries avoisinantes. Elle en était encore à vociférer quand soudain, un voile de terreur balaya son visage et elle porta les mains à son ventre. La colère avait réveillé l’enfant et elle était en train de perdre les eaux.
Clovis Hammeur vit donc le jour sur un tas de sacs de charbon, des mains d’un contremaître édentés aux joues noircies qui pleurait de joie."
C’est une amitié bien singulière à laquelle nous convie André Querton, celle qu’il partage à deux siècles de distance avec Thomas Jefferson auquel il consacre un "portrait amoureux" aux Editions du Pavillon. Oeuvre tout aussi singulière que cette biographie romancée, qui, à la façon d’un peintre, tenterait de capter le regard de son modèle. Le biographe finira par le découvrir , enfin !, dans un tableau représentant celui qui fut, entre autres, un des rédacteurs de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis et un de ses présidents. Un tableau de Gilbert Stuart, une esquisse plutôt , concentrée sur le visage qui "respire la sympathie et une forme de tendresse, le regard légèrement posé sur le spectateur. Serein. Direct. Proche." Et Querton, ému, de s’exclamer au bout de ce récit romancé qui se lit d’une traite, "C’est mon ami. Il me regarde, droit dans les yeux."
A une époque où le politique est décrié, où le populisme déverse ses incantations sans qu’aucun garde fou ne vienne mettre en garde le public, il y a quelque chose de salutaire à se plonger dans le livre d’André Querton, à son écriture empathique, à son amicale fraternité avec Jefferson qui aimait par-dessus tout les livres et en nourrissait autant sa pensée que son action. Par moments, lisant Querton, on songe à Zweig et aux biographies qu’il consacrait à ceux qui l’élevaient dans plus de vie, de liberté et de bonheur. Tiens. N’est-ce pas là ce que Jefferson indiquait comme objets premiers de la déclaration d’indépendance des Etats Unis d’Amérique, insistant sur le troisième terme de ce triptyque politique : le bonheur.
Lauréat dans la catégorie « Essais » du Prix du livre européen, Erri de Luca se proclame « européiste activiste ».
Défenseur de la liberté d’expression, écrivain sensible et engagé, Erri de Luca a reçu le prix des mains du président du jury, le cinéaste Oliver Stone qui dans un discours flamboyant a invité l’Europe à retrouver son indépendance par rapport aux USA. Quant à Javier Cercas, lauréat du Prix dans la catégorie « roman » pour "L’Imposteur" (Actes Sud), il a évoqué avec verve la nécessité de construire « une Europe plus cervantine, c’est à dire, plus antidogmatique et métissée »
Au lendemain de la cérémonie de remise du prix, Erri De Luca il a bien voulu accepter de devenir membre honoraire de Pen Club Belgique. Un entretien avec l’écrivain italien sera bientôt mis en ligne sur la webradio www.espace-livres.be , entretien au cours duquel le lauréat évoque l’Europe, décrit sa manière de travailler (« J’écris mes livres au stylo, sur des cahiers. Je les ré-écris trois fois. S’ils franchissent le cap de cette troisième réécriture, je les considère comme achevés… »), évoque le tandem qu’il forme avec sa traductrice française, Danièle Valin à qui il rend un vibrant hommage, définit la fonction de la littérature, ce que la lecture de la Bible lui apporte…
A quelques jours de la soirée que coorganisent PEN Vlaanderen, PEN Belgique francophone, Bozar et Hart boven Hard nous avons rencontré le grand écrivain irakien Ali Bader qui participera au débat sur « Les écrivains en temps de guerre et de dictature ». Ali Bader a écrit un plaidoyer sur l’écriture en temps de guerre et sous la dictature. Celui-ci appelle à une révolution culturelle dans le monde arabe. Un débat aura lieu avec d’autres écrivains parmi lesquels l’érythréen Sulaiman Addonia. Retour ligne automatique
Ce même soir des écrivains belges et étrangers rendront hommage à l’écrivain emprisonné en présentant un recueil de poèmes qui lui est dédié sous le titre de « 16 fois 50 mots pour Ashraf Fayad » . Ces poèmes sont signés Fatena Al-Ghorra, Sven Cooremans, Charles Ducal, Annemarie Estor, Corinne Hoex, Peter Holvoet-Hanssen, Karel Logist, Caroline Lamarche, Peter Theunynck, Laurence Vielle, Bart Vonck, Sam Joris ainsi que de Jean Jauniaux, président de pen Belgique francophone et Joke Van Leeuwen présidente de Pen Vlaanderen.Retour ligne automatique
Rendez-vous mercredi 16 novembre, 20 heures à BOZAR à Bruxelles
Florence Noiville est écrivain.
Beaucoup pensent qu’elle est journaliste et critique littéraire, spécialiste de littérature étrangère contemporaine au journal "Le Monde".
Ils se trompent. A plusieurs reprises elle l’a démontré en publiant trois romans chez Stock, un récit biographique consacré à Isaac B. Singer et deux recueils de portraits d’écrivains "So British" (Gallimard) et "Literary Miniatures" (Seagull Books). C’est à propos de ce dernier ouvrage, composé de portraits initialement publiés dans Le Monde, puis édités outre-Atlantique, et enfin revenus vers nous dans leur version originale sous la couverture des Éditions Autrement, que nous sommes allés à la rencontre de celle qui n’a pas choisi par hasard le titre de son livre, même si elle l’a emprunté à un de ses modèles : "Écrire c’est comme l’amour". A l’enchantement de la lecture s’est ajouté celui de la rencontre avec celle dont nous allons essayer de faire le portrait...
"À la mort de son père, une jeune femme revient sur les lieux de son enfance. Constatant l’incommunicabilité des rapports familiaux et la double vie du père, elle cherche à briser le nœud qui l’enserre en errant dans Bruxelles, la nuit. Elle sait que seul un événement fort pourra exorciser la mort… Un conte contemporain où l’éros est brut, sombre, vibrant."
Décidément la collection "Plumes du Coq" tient ses promesses. En ajoutant à son catalogue "Le mort" de Pascale de Trazegnies, les éditeurs (Frédéric Saenen et Christian Libens) démontrent, si besoin en était, leur volonté de refléter la littérature francophone de Belgique dans une diversité réjouissante, salutaire et vivifiante. Les livres se répondent parfois par auteurs interposés. Ainsi Michel Host (dont "Une vraie jeune fille" avait été publié l’année dernière sous la même enseigne ) signe la postface du roman de de Trazegnies. Ainsi la plupart des auteurs ont donné au moins deux titres aux "Plumes du Coq" dont le catalogue compte plus de trente titres en 2016. Certains publient aussi dans d’autres collections du même éditeur. C’est le cas de Christian Libens qui vient d’y publier (avec Michel Carly) "La Belgique de Simenon" une exploration érudite, intelligente et illustrée (une iconographie exceptionnell !) du terroir belge, encrier dans lequel plongent les racines de l’oeuvre simenonienne - nous y reviendrons lors d’un prochain entretien avec les auteurs...tout est question d’agenda !).
Evoquer le livre hypnotique de Pascale de Trazegnies ne peut se faire sans l’affadir : il faut y entrer, se laisser porter par l’écriture sans fard de la romancière, qui est aussi musicienne et fait de chaque phrase une mélopée que l’on serait tenté de lire à haute voix, lancinante et violente à la fois, portant le lecteur hypnotisé dans l’exploration des entrelacements d’Eros et Thanatos. Ouvrez le livre, vous ne le refermerez que sur les derniers mots : "A jamais" .
Il est inattendu d’associer le nom de Marcel Proust à l’humour. De l’auteur de "La Recherche..." nous conservons davantage la perception d’un homme grave, malade, tout entier absorbé dans l’oeuvre vertigineuse à laquelle il a consacré l’essentiel d’une vie calfeutrée par la maladie hors du monde. Dans une conférence - spectacle à laquelle (auquel ?) il nous invite en compagnie de la comédienne Anne Coutureau, Hippolyte Wouters explore une facette négligée du kaléidoscope proustien. Gageons que nous aurons ensuite la curiosité d’aller (re)lire quelques fragments du monument littéraire et de nous rendre compte de sa stimulante accessibilité...
Sous la direction d’Arnaud Huftier, Alma Editeur entreprend la publication des recueils et romans de Jean Ray dans leur version initiale. Il s’agit d’un événement éditorial de première importance : l’oeuvre de Jean Ray paraîtra en dix volumes, enrichis de textes inédits et d’une postface éclairante d’Arnaud Huftier, spécialiste (et passionné) de l’oeuvre de Raymond Jean Marie de Kremer, alias Jean Ray, l’"homme-livre".
Rencontrer Amin Maalouf à l’occasion de la parution de son dernier livre est chaque fois un bonheur multiple. Celui, bien sûr, d’échanger avec cet homme raffiné, d’une aménité souriante et inaltérable. Celui aussi d’évoquer le roman ou l’essai ou l’événement qui fontson actualité. Mais surtout celui d’être témoin, chaque fois, d’un humanisme nourri d’une inépuisable exigence éthique, d’une érudition dépourvue de fatuité, d’une curiosité jamais désarmée et enfin d’un engagement sans faille dans l’idéal de tolérance qui un jour peut-être désarmera les "identités meurtrières". En préparant son interview, suivie le soir d’une séance publique organisée par la Librairie Tropismes et animée par Jacques De Decker (Secrétaire Perpétuel de l’Académie de langue et littérature française de Belgique) et Jean Jauniaux (Président de PEN Club Belgique, le centre francophone belge de PEN International), j’ai trouvé une phrase qui, dans le chapitre consacré à Ernest Renan, me semblait définir parfaitement l’auteur de "Léon l’Africain" : "Sa clarté d’expression, la cohérence de sa pensée, son sens éthique, sa puissance d’argumentation font de lui le modèle de l’intellectuel qui va jusqu’au bout des choses, dans ses investigations comme dans ses engagements." Voilà qui pourrait définir l’essayiste Amin Maalouf. Quant au romancier, il suffit d’ouvrir n’importe lequel de ses ouvrages de fiction, pour sentir vibrer sous la jubilation du conteur levantin, la sensibilité à fleur de peau d’un homme dont le coeur et l’esprit ne font qu’un.
Au terme de l’entretien qu’il nous a accordé, Amin Maalouf a accepté de devenir le premier "membre d’honneur" de PEN Club Belgique. Cette qualité est réservée aux écrivains non Belges dont les engagements s’apparentent à ceux de PEN Club Belgique. Voici comment Amin Maalouf a formulé cette adhésion : "Pour Pen club Belgique, c’est un honneur pour moi de participer symboliquement à vos activités et de m’associer à vos rêves".
La librairie Libris Agora de Louvain La Neuve a bien voulu placer sous l’égide de pen club Belgique une rencontre littéraire avec l’écrivain flamand Tom Lanoye. Il vient de publier, dans une traduction d’Alain Van Crugten, "Gaz, plaidoyer d’une mère damnée" : un monologue bouleversant de la mère d’un jeune belge parti un jour en Syrie dans les rangs de Daesh. Il revient au pays pour y accomplir un attentat au gaz... Nous vous proposons d’entendre quelques extraits de cet entretien de grand écrivain flmaand avec Jean Jauniaux, président de pen club Belgique, le centre belge francophone de PEN International.
Depuis "Place de Londres" (en collaboration avec Anita Van Belle) jusqu’à "Si tous les dieux nous abandonnent" ce dernier roman paru chez Gallimard, dans la Série Noire, Patrick Delperdange a écrit et publié sans discontinuer, toutes catégories confondues. Même s’il faut attendre 2005 et son "tellurique" "Chant des Gorges", souhaitons que la publication dans la centenaire et mythique collection "Série Noire" déclenche chez le lecteur la curiosité d’aller à la rencontre des romans, nouvelles, bandes dessinées signées Delperdange chez des éditeurs multiples, constituant une véritable oeuvre aux multiples entrées et sources d’inspiration. Pour créer son univers, Delperdange explore les genres littéraires sans jamais s’y enfermer, levant les barrières qui séparent artificiellement les catégories et s’inscrivant dans le sillage des vrais romanciers, ceux qui sont d’abord des raconteurs d’histoires, des fabulateurs, des inventeurs d’univers dans lesquels le lecteur est invité à l’ "abandon volontaire de l’incrédulité" qui fonde le pacte entre l’écrivain et son public.
Entrez dans ce dernier roman paru sous la couverture noire, vous ne le lâcherez pas avant d’en avoir terminé avec le destin auquel les dieux ont abandonnés Céline, Léopold et Josselin, les trois protagonistes livrés aux noirs desseins de Delperdange. En le lisant, on ne peut s’empêcher de songer aux grands noms de la littérature américaine et anglaise. Delperdange est aussi lecteur et traducteur, deux arts qui nourrissent celui de tout romancier authentique. Et Delperdange appartient à cette famille-là !
Dans "La balade des pavés", la romancière s’incarne dans Lola, son personnage, son double. Une femme qui, à l’annonce d’un cancer du sein, choisit de se battre, de monter sur le ring, ou plutôt de se mettre en scène , comme un acteur sur une scène de théâtre, à l’assaut d’un texte, d’un rôle, auquel donner vie... N’avait-elle pas, Sylvie Godefroid, adapté au théâtre son roman initial, "L’anagramme des sens" , comme si il fallait incarner aussi de cette manière-là, partager la souffrance transcendée d’Ana qui ne s’aime pas ?
Ici aussi, à présent que la rémission s’installe, que la vie reprend le dessus, Lola pourrait se représenter sous les feux de la rampe. Et Sylvie Godefroid, romancière, y incarnerait avec cette force qui l’a portée dans l’écriture de son roman, Lola, son double vainqueur, son double triomphant que l’on a envie de prendre dans ses bras tant elle nous a transmis de vie !
N’est-ce pas là la fonction de la littérature : donner vie ? Aux personnages. A l’imaginaire. Au lecteur. A l’écrivain. Sans doute. Mais en refermant "La balade des pavés", le lecteur se sent moins seul au monde. Il est devenu le complice, l’ami, le frère.
Lisez ce livre. Laissez vous porter par cette écriture cristalline qui scintille au fil des pages. Vous comprendrez alors que l’écrivain penché devant la page blanche menait un autre combat que celui contre le cancer : celui de devenir écrivain.
Elle en est sortie victorieuse, mais surtout heureuse de partager aujourd’hui cette victoire pour qu’elle soit la nôtre...
Edmond Morrel, Bruxelles le 10 janvier 2016
Après plusieurs années consacrées à la traduction littéraire, Emmanuèle Sandron nous revient aux Editions Luce Wilquin, avec un recueil de nouvelles. La quatrième de couverture, comme c’est souvent le cas, nous suggère une lecture bien étroite de ce court volume, bien plus riche qu’une "exploration du désir". Il y a bien davantage dans cet assemblage structuré et cohérent de récits dont l’épilogue semble réunir les fils. Il les assemble sur le métier des dernières pages, tissant une étoffe faite autant de ce désir évoqué plus haut, que du surgissement de la mémoire enfantine, des peurs et des fantômes qu’elle dissimule. Il suffit, et chacune des nouvelles en est le dévoilement, qu’un mouvement de l’âme, une rencontre, un chant, une fête révèlent en pleine et crue lumière les souffrances endurées. L’écriture est belle, sensible, soutenant la charpente narrative de ce livre émouvant.
(...) Nous avons souvent salué le travail de ce déchiffreur des complexités qui nous hantent, de ce découvreur des cavernes qu’il éclaire pour nous, de ce poète au lyrisme étincelant. Il nous donne ici quelques fragments du monde, en promenant "au bord du sentier" ce miroir qu’évoquait Stendhal lorsqu’il définissait le roman : "un miroir que l’on promène le long du chemin" ("Le rouge et le noir"). (...) Daniel Simon nous surprend quelles que soient les fenêtres qu’il ouvre sur le monde : ses propres romans et nouvelles, ceux qu’il édite, met en scène, met en ligne sur son blog, partage sur sa page Facebook. Ses grands yeux, tels ceux d’un oiseau de nuit, toujours aux aguets veillent à ne rien perdre de ce qu’il faut dénoncer ou applaudir, et qu’il transforme avec des mots qui sont autant de balises pour nous aider à piloter au milieu des vagues scélérates et des lâches ouragans, l’esquif de nos consciences.
Sur la quatrième de couverture, l’éditeur dit de Daniel Curtis qu’il "initie un spécimen littéraire d’un genre nouveau:le sportif-nouvelliste" Nous n’aurions pas choisi cette formule, - qui mêle maladroitement deux activités de l’auteur : le hockey (Curtis est joueur international) et l’écriture de nouvelles,- pour qualifier ce nouveau-venu dans la fiction courte qui nous donne ici son premier opus.
Huit nouvelles, au style et à l’atmosphère chaque fois différents, relatent de façon ironique les pérégrinations de protagonistes désabusés, exerçant des métiers improbables comme ce goûteur international de sauces tomates, dont la saveur doit être identique dans tous les pays du globe. Il y a chez Curtis une sorte de fausse candeur désabusée, qui s’essaie à l’ironie et à la cruauté, mais ne parvient pas à éviter les ornières de mélancolie dans lesquelles il ne manque pas de trébucher.
On devine la gourmandise de Corinne Hoex à l’imaginer écrivant ces rêveries érotiques, ces fantasmes dont Freud se serait fait une friandise délectable s’il avait pu allonger sur son divan viennois la conteuse et l’écouter narrer de sa voix enjôleuse les doux sévices que lui infligent autant de figures masculines qu’il y a de chapitres à ce livre roboratif. Pour la narratrice avide, chaque nouveau partenaire invente, dans son environnement et avec ses accessoires, les fantaisies amoureuses que la belle encourage, détourne, pervertit à sa guise. Et défilent pour notre plus grand bonheur le pompiste, le pâtissier,deux jeunes abbés (les plus succulents !), la maître nageur (le plus surprenant) et bien d’autres que vous allez découvrir avec délices... Pour nous ouvrir l’appétit, après l’interview de l’auteure, nous avons demandé à la lectrice de bercer nos sens par une lecture inspirée...
Toutes les occasions sont bonnes pour se replonger dans "le" livre par excellence : "L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche"
La Pléiade nous offre une de ces occasions à ne pas manquer : le roman de Cervantès reparaît dans la traduction ( "une version mise à jour" ) de Claude Allaigre, Michel Moner et Jean Canavaggio, ce dernier signant la préface. La précédente édition dans la Pléiade datait de 1949 et était présentée et annotée par Jean Casson. La traduction en avait été assurée par Jean Casson, César Oudin et François Rosset.
Nous avons rencontré Jean Canavaggio : professeur émérite à la Sorbonne, membre correspondant de la Real Academia de la Lengua et de la Real Academia de la Historia (Madrid) et honorary fellow de l’Hispanic Society of America (New York), il dirigeait déjà l’édition de Don Quichotte dans La Pléiade en 2001. Nous avons évoqué avec celui qui fait autorité dans les études cervantiennes ces nouvelles lectures auxquelles nous invitent les nouvelles traduction un des livres les plus lus et adaptés au monde.
Le prestigieux Prix littéraire Marcel Thiry a été attribué à Eric Piette que nous avions rencontré en mars à propos de son recueil "L’impossible nudité" paru au Taillis-Pré.
Fondées en 1984 par le poète Yves Namur, les Editions Taillis-Pré s’inscrivent sous l’égide de la belle phrase d’Yves Bonnefoy : « La poésie moderne est loin de ses demeures possibles".
Il n’est de poésie que dans la fragilité semble nous prévenir Eric Piette dès le titre sous lequel il a choisi de nous emmener de Braine-Le-Comte à Ostende, d’une nuit suicidaire, martelée par les trains de marchandises à cet instant où le poète écrit : "j’attends celle que j’aime" .
Philosophe de formation et de profession, Marie-Clotilde Roose puise dans l’exercice quotidien de l’écriture poétique les fragments de paix, d’interrogation, de vision, en un mot de tout ce qui fait de l’âme poétique une plaque sensible où la lumière dépose ce que l’écriture révèle. Survient au terme de cette longue alchimie, répétée au quotidien, le moment de réunir les pièces du puzzle et d’en proposer au lecteur un recueil, fut-il tourmenté encore par la traversée des songes. C’est peut-être une des lectures que nous pouvons donner au titre "Tourment" que la poète a donné à ce recueil paru au Taillis-Prés en 2005 et qui n’a pas pris une ride...
On sait d’Eric Emmanuel Schmitt que sa formation de philosophe l’a conduit à explorer différents modes d’expression littéraire, le roman, la nouvelle, le théâtre. Dans chacun des genres il a excellé. Aujourd’hui, en achevant la lecture de l’épilogue du récit autobiographique de sa "Nuit de feu", le public attentif trouvera l’aboutissement d’une incessante interrogation de l’écrivain sur l’énigme de la spiritualité et sur les limites de l’écriture. Il n’y a pas de réponse dans ce récit - ni dans son éblouissant épilogue - mais un plaidoyer pour accepter la complexité de l’esprit, la stimulation du doute et "la sollicitation de l’invisible". Schmitt nous fait ici le présent d’un livre qui est à la fois un récit, une confession, un acte de foi - quel que soit "Dieu" - et un appel à ce qu’il désigne dans une de ces formules fulgurantes dont il a le secret : la fraternité des ignorants, en d’autres termes, l’abandon des intégrismes dogmatiques. Voici peut-être le livre qu’on attendait de Schmitt dont l’édifice littéraire ne cesse de solliciter notre conscience et notre vigilance. En cela il s’inscrit à n’en pas douter dans le cheminement, tragiquement interrompu, d’un autre philosophe, romancier et homme de théâtre : Camus.
Il arrive tellement rarement d’être sidéré par la perfection d’un roman qu’on se retrouve dépourvu de qualificatifs pour le désigner. "Esclaves heureux", de Tom Lanoye (magistralement traduit en français par Alain van Crugten), appartient à cette catégorie exceptionnelle de romans que l’on classe immédiatement au rayon "classiques", à côté de Romain Gary et Hugo Claus, pour ne citer que deux écrivains du siècle passé. Dans "Esclaves heureux" vous serez hypnotisés par le phrasé, ému par le style, transcendé par l’histoire. Des personnages comme les deux homonymes Tony Hanssen, le policier sud africain Vusi Khumalo, le tycoon chinois Bo Xiang vous resteront gravés dans la mémoire, de mêm que les nombreuses pages d’anthologie que vous aurez envie de relire (à voix haute ) une fois le livre terminé, que vous n’aurez pas lâché après en avoir lu la première ligne "Nous retrouvons Tony Hanssen dans la touffeur caniculaire d’un été aux effluves malsains"... Attention, chef d’oeuvre !
La littérature ne cesse de s’interroger sur ce qu’elle est. Le roman s’entrelace volontiers avec la réalité, l’imaginaire avec le réel, le mentir avec le vrai. Isabelle Monnin fait de son dernier livre un "quadriptique", néologisme que nous avons inventé au cours de cet entretien, constitué d’un roman (un vrai, inventé de toutes pièces), d’une enquête journalistique (et elle sait y faire cette ancienne garnd reporter du Nouvel Obs), d’un album photos de famille (les "pièces" du réel)et... d’un CD de chansons originales, dont certaines interprétées par les "vraies" personnes qui ont inspiré les "faux" (personnages)... La lecture et l’ecoute et la vision de ce livre est particulièrement stimulante : elle nous donne à réfléchir, elle nous émeut, elle nous inspire. Ne sont-ce pas là quelques unes des fonctions de la littérature, la vraie ?
Erudit, fin lettré, auteur d’encyclopédies et de romans, d’essais et de poèmes, animateurs d’émission de radio (France Culture) , éditeur (Grasset), Charles Dantzig est un interlocuteur savoureux, volubile dont réaliser l’interview constitue toujours une heureuse jubilation. Nous l’avons recnontré à Bruxelles à l’occasion de la publication de son dernier roman en date dont la quatrième de couverture dit, avec justesse, qu’il s’agit du "grand roman de l’amour au temps de la haine". Situé en France, entre les premières manifestations contre le "mariage pour tous" et l’adoption de la loi, le roman est une sorte de "manuel", dont les chapitres se répartissent en 23 parties, alternant fiction et commentaires. C’est stylé, vif et s’inscrit dans la ligne de ce romancier du contemporain dont un des combats est de lutter contre le populisme en littérature et de lui préférer l’esthétique. Ce livre est, en quelque sorte, un exemple à l’appui de cette thèse que Dantzig défen aussi dans sa revue littéraire "Le Courage".
Si vous ne lisez qu’un seul livre de cette rentrée littéraire (septembre 2015), chosissez celui-ci : "La petite femelle" de Philippe Jaenada. La tentation me gagne de limiter la présentation de la rencontre que je viens d’enregistrer à cette simple invitation : "n’en lisez qu’un, celui-ci".
Roman magistral, dont l’écriture est à la fois inventive, alllègre, sévère, émouvante ; dont le sujet est complexe, intense, humain, vrai.
Aujourd’hui, un romancier ré-écrit la vie de Pauline Dubuisson, la lui restitue à titre posthume et raconte, dans ce roman entrelaçant le tragique et l’ironie, le fil de l’actualité et le désordre salutaire des digressions drôlatiques, la complexité d’un être et d’un destin.
En interviewant à la même époque de l’année Pierre Lemaître à propos de son roman qui venait de sortir de presse ("Au-revoir là-haut"), je faisais le pari qu’il recevrait le Goncourt. Je fais le même pari pour celui-ci, qui le mérite autant. Le roman est, décidément, le meilleur instrument d’exploration de l’âme humaine, de l’Histoire et du destin des hommes.
Au terme de la lecture hypnotique des trois romans de Peter May qui constituent la trilogie écossaise, nous avons contacté Peter May pour un interview. L’emploi du temps et les déplacements de l’auteur de la "Lewis trilogy" nous ont amené à réaliser cet interview à distance. Peter May a enregistré les réponses à une batterie de questions que nous lui avons adressées par courrier électronique. Nous avons laissé ses réponses en anglais plutôt que de les escamoter derrière une "voice over". A écouter pour mieux apprécier encore l’oeuvre de cet écrivain majeur, qui nous livre ici les clés du travail d’un grand romancier de notre temps.
"L’intime et l’infime" : s’il avait fallu choisir un sous-titre au premier recueil de nouvelles de Pierre Kutzner, c’est celui-ci que nous aurions privilégié. L’art de la nouvelle est exigeant. Par sa brièveté, la fiction courte n’offre pas de latitude à la paresse d’écriture. Chaque phrase doit être comme la perle d’un collier dont la perfection participe à l’éclat de l’ensemble. Kutzner a pleinement réussi l’exercice. Il a attendu la soixantaine avant de publier ses premières nouvelles. Peut-être était-ce l’âge idéal en ce qui concerne son "métier" d’écrivain, mais aussi le moment, l’étape où on fait halte pour explorer ce qui a été vécu, engrangé, sollicité ou perdu. (...) Kutzner porte souvent un regard triste et mélancolique sur les personnages qu’il convoque dans ses nouvelles (...) Comme pour les romans de Simenon, nous sortons de la lecture de ce recueil avec le sentiment diffus de ne plus être seuls au monde, d’avoir partagé une bouteille de vin avec un homme seul, attablé et complice de notre propre solitude, d’avoir écouté la confidence d’un ami que l’on étreint avec un peu plus de force au moment de prendre congé, au moment de refermer le livre en souhaitant déjà le revoir bientôt, le lire à nouveau.
Pour son premier roman, Roselyne Durand-Ruel n’a pas manqué d’ambition : ce récit d’initiation brosse le portrait d’un personnage hors du commun, Sin Ming, un de ces "nageurs de la liberté" qui réussit, à la nage, à rejoindre Hong-Kong où son oncle, un "tycoon" de la finance prend en charge la formation qui fera de son neveu l’héritier de son empire. Voilà pour le récit qui entraîne le lecteur de la Révolution Culturelle (dont les parents de Sin Ming sont les victimes) à la rétrocession de Hong Kong à la Chine communiste, en passant par Macao, la France et Princeton. A chaque étape de cette saga, l’écrivain utilise avec habileté toutes les ressources du romanesque pour nous immerger dans ce qui devient, au fil des 500 pages du livre, une époustouflante évocation de la confrontation entre les cultures occidentale et chinoise, entre tradition et modernité, entre confucianisme et individualisme. Nous avons assez dit dans espace-livres combien la littérature est un véritable instrument de compréhension de la complexité des choses, des êtres et des destins. Ce roman y réussit idéalement.
Avec une bibliographie qui compte plus de 15 romans, Françoise Pirart s’inscrit de plain pied dans la littérature francophone de Belgique. Son dernier roman en date "Chicoutimi n’est plus si loin" est paru aux éditions Luce Wilquin et nous entraîne au Canada dans le sillage de deux adolescents fugueurs. Son précédent ouvrage, illustré par René Follet, est Publié aux Editions du Jasmin et nous fait entrer dans un univers proche du réalisme-magique. Nous avons rencontré Françoise Pirart à propos de ces deux livres récents.
Voici un ouvrage des plus roboratifs et stimulants ! Sous le titre "Alphabétiques", le lecteur découvre un abécédaire oulipien confectionné par l’orfèvre Horguelin qui s’est lancé le défi de composer 26 tautogrammes. "Késaco ?" vous exclamerez-vous à juste titre, ignorant comme moi ou prétendant avoir oublié la signification de ce mot aussi rare que ce qu’il désigne : un texte dont chaque mot commence par la même lettre de l’alphabet. Horguelin n’y est pas allé de main morte : il a décliné un tautogramme à 26 reprises, racontant avec en initiale chaque lettre de l’alphabet, une histoire identique : une tentative de séduction lamentablement réduite à l’échec. Cette entrepris nous vaut un feu d’artifice brillant et drôle à lire, mais aussi à voir : non seulement la mise en image de Mathieu Labaye s’aligne avec fantaisie sur les dérives littéraires de notre Oulipien, mais encore, avec la complicité épatante des éditeurs ("L’herbe qui tremble"), chaque historiette est composée dans une typographie différente !
Un régal !
Est-ce de son Philippeville natal que Sylvie Godefroid puise cette énergie dont elle irradie sur scène, derrière la fenêtre de son adresse facebook ou à la SABAM ? C’est l’intuition qu’en a Michel Joiret qui signe la quatrième de couverture du premier roman de celle qui écrit comme on respire. Les pages internet sont le réceptacle de poèmes quotidiens, mais c’est à l’occasion d’un roman que nous avons rencontré Sylvie Godefroid. L’autobiographie revendiquée est une des clés de lecture, mais pas la seule : le style, la construction narrative par fragments (l’anagramme n’est-il pas un jeu de malange des lettres ?), l’écriture font de ce premier roman un livre où la sincérité semble être l’enjeu majeur de cette quête d’identité à laquelle se confronte le personnage central. Ana, une femme dans la quarantaine, torturée par l’image qu’elle a d’elle-même, décide de se raconter, de s’affirmer, de dire sa féminité, de surmonter le préjugé qu’elle croit inspirer à cause du surpoids (Ana-gramme) : "Je m’appelle Ana et je ne m’aime pas" s’exclame la narratrice au début de son entreprise romanesque. Ouvrez ce livre et entrez dans les méandres des "saisons" d’Ana en cette année 2010 : vous y reconnaîtrez la figure attachante d’une femme, d’un combat, d’une vérité. Ce livre a fait l’objet d’une adaptation au théâtre. Il sera bientôt suivi d’un deuxième roman que nous attendons déjà avec impatiente curiosité. Bientôt Sylvie Godefroid osera dire qu’elle est écrivain.
Avec cette "nouvelle enquête de Michel van Loo" , l’improbable détective bruxellois inventé par Berenboom et développé au fil de trois romans déjà, le romancier nous démontre une nouvelle fois combien la fiction est un instrument idéal pour plonger le lecteur dans l’Histoire avec un grand H. Ici ce n’est pas moins que la création d’Israël qui constitue la trame sur laquelle se tisse l’enquête, toute en chausse trappes, que Van loo mène à la poursuite de biens spoliés par les Nazis. La verve déconcertante et l’humour décalé de Berenboom raviront les lecteurs de ce faux livre de genre, qui est un vrai roman. L’oeuvre d’Alain Berenboom construit ainsi, de livre en livre, ce qui devient une célébration de la complexité déroutante du petit Royaume qui accueillit naguère Monsieur Optimiste, le papa du petit Alain qui rêvait de devenir cinéaste...
A la librairie Tropismes à Bruxelles, l’écrivain Jean-Baptiste Baronian accueillait Huguette de Broqueville pour évoquer le journal de la mère de cette dernière, Lydia della Faille de Leverghem.
Une rencontre menée avec toute la curiosité gourmande de Baronian, dont on attend déjà avec impatience le "dictionnaire amoureux de la Belgique" qui sortira en librairie en septembre.
Nous avons placé notre micro entre les deux protagonistes de cette rencontre qui nous donne l’envie de (re) lire le journal de Lydia, une jeune fille de 14 ans dont on ne peut que regretter qu’elle n’ait plus écrit ensuite !
Le roman, on l’oublie parfois, a aussi pour fonction d’enchanter le lecteur, l’hypnotiser par le style et la narration, le désarmer par l’émotion racontée et suscitée, lui permettre de réaliser cette "suspension consentie de l’incrédulité" (suivant la belle formule de Coleridge : "willing suspension of disbelief") indispensable à l’immersion dans la fiction. Chacun des romans de Grégoire Delacourt vient confirmer ce ravissement dans lequel il nous plonge avec la jubilation malicieuse du vrai raconteur d’histoire. Son dernier opus ne fait pas exception à cette loi des séries qui lui vaut l’adhésion de chacun de celles et ceux qui entrent dans son univers romanesque et nombre de prix littéraires.
Le premier roman de Daniella Pinkstein s’inscrit sous le titre envoûtant d’un vers de Baudelaire et d’un exergue de Vaclav Havel, extrait du discours qu’il prononça à Strasbourg en 1990, année où l’Europe a basculé. Daniella Pinkstein a construit son récit autour de deux figures féminines, Emma et Blanche, dans un espace et une histoire éclatés, en fragments comme des étoiles au firmament, ou en épisodes discontinus comme un chemin de la mémoire. La lecture que nous en faisons est escortée par des balises qui à la fois nous éclairent et nous émeuvent : elles sont autant de citations de textes fondateurs, de Rilke à Sophocle. Et puis, il y a, en filigrane, l’Europe rêvée, l’Europe déchirée, l’exil et la perte des repères de l’histoire. Et de très belles figures romanesques qui font de ce livre une métaphore de la fin du siècle, à l’instar de Tatiana, personnage qui semble l’emblème de l’Histoire telle que seul le roman peut nous la donner à ressentir, donc à connaître.
Voici un premier roman qui se lit d’une traite, nous hypnotise par la langue, et ne cesse de nous intriguer, longtemps après l’avoir refermé.
S’il fallait démontrer que le romanesque est une extraordinaire porte d’entrée sur l’Histoire (avec un grand H), le dernier ouvrage de Gérard de Cortanze balaierait tous les doutes. de Cortanze avait déjà abordé Frida Kahlo par le biais de la biographie, puis par l’édition d’un livre de photographies et textes de Gisèle Freund. Aujourd’hui, il nous donne peut-être la vision la plus sensible et intense de ce personnage hors norme qu’est la peintre mexicaine. Pour y parvenir, la voie romanesque est idéale. C’est pour l’évoquer que nous sommes allés à la rencontre du romancier Gérard de Cortanze qui nous donne aujourd’hui ce roman envoûtant d’un épisode de la vie tourmentée et passionnée d’une des plus grandes artistes du siècle dernier. A l’intime (la relation amoureuse entre Frida et Trostsky, exilé au Mexique), se mêle l’envahissement du génie pictural et de la révolution d’un monde.
Auteure de nouvelles, de théâtre et de romans, Evelyne Wilwerth déploie aussi ses activités créatives dans les ateliers d’écriture qu’elle anime et les spectacles qu’elle anime. Cet éclectisme n’est pas dépourvu de cohérence, permettant à Wilwerth de travailler sur un éventail aussi bigarré qu’imaginatif, un espace assez vaste pour distribuer l’infatigable énergie de la romancière qui nous donne ici un livre sensuel et tendre. Organisé autour de multiples personnages, le fil narratif décline autant de variations que de chambres dans cet hôtel de la baie de Somme où Wilwerth pose son chevalet et, par petites touches de lumière, nous donne à voir et à ressentir les amours qu’elle nous raconte.
Merveilleux explorateur de la mémoire sensible, Patrick McGuinness nous revient avec un roman-récit dans lequel il évoque la ville de son enfance, de sa mère et de sa lignée maternelle. Homme qui n’appartient à aucun pays (son père, diplomate britannique, lui donne par force l’usage d’un monde sans frontières), il a trouvé sans doute dans l’écriture poétique (sa première vocation) et romanesque les instruments pour se forger une identité d’Arlequin. Avec humour (son côté british) et tendresse (le versant belge ?), il pourrait faire de chaque événement de sa vie une sorte d’enchantement littéraire et poétique. "Vide-Grenier" est paru aux Editions Grasset dans une remarquable traduction de Karine Lalechère.
Voici un des livres les plus attachants consacrés à la première guerre mondiale à laquelle, centenaire oblige, une production abondante s’est consacrée avec un chef d’œuvre ("Au-revoir là-haut" de Pierre Lemaître) et un grand nombre de récits de circonstance. Avec ce premier roman, Hecq exploite à merveille la liberté qu’offre la fiction d’aller au plus près de la réalité historique. Cette liberté est d’autant plus nécessaire qu’il évoque un épisode légendaire des premiers combats : la bataille de Mons dont on se souvient de l’hallucination collective qu’elle engendra faisant apparaître dans le ciel un ange qui permit aux soldats anglais d’échapper miraculeusement à l’étau des armées allemandes. Hecq revisite à sa façon la mythologie de cet épisode, la resitue dans la tradition mystique de Saint-Georges et du rituel combat contre le dragon, invite dans son récit - dont l’action se situe en 1927 - des figures historiques (Joris Ivens, Stefan Zweig, Eric-Maria Remarque, Emile Verhaeren) qu’il mêle allègrement aux personnages de son invention.
Cela nous vaut un roman que l’on ne lâche pas une fois qu’on en a entrepris la lecture, un livre qui nous invite à revisiter les lieux (le Caillou-Qui-Bique, la ville de Mons ou la région du Borinage) mais aussi à relire les livres que le romancier, dont on sait l’érudition enthousiaste, évoque avec une jubilation communicative. Le récit est mené avec justesse. Sans doute aucun, voici un nouveau vrai romancier : on ne peut que recommander de le lire toutes affaires cessantes !
Christopher Gérard est un écrivain intransigeant dès qu’il s’agit de style : esthète exigeant, attaché à la phrase parfaite ( à la manière de Flaubert, il s’impose de la lire à voix haute pour en vérifier le rythme et la musicalité), inspiré par les univers qu’il ne cesse de ré-inventer (y compris dans des oeuvres non romanesques , souvenons-nous de son admirable "Aux armes de Bruxelles" !). Rien de surprenant donc à ce qu’il ait remis sur l’établi son premier roman (paru en 2003 et salué déjà par la critique et un prestigieux prix littéraire) pour nous en donner aujourd’hui une version apurée, retravaillée, ciselée grâce aux nouveaux outils que Gérard s’est forgé au fil des livres publiés dans l’intervalle. Cette démarche, assez rare pour que nous en saluiions l’initiative et le succès, nous donne aujourd’hui le bonheur de relire "Le songe d’Empédocle", et de nous laisser à nouveau enchanter par ce roman initiatique mené tambour battant, qui se lit comme un "thriller" et dont l’histoire plonge ses racines dans l’antiquité polythéiste qu’explore un narrateur de notre temps. Ce livre-bibliothèque est un bonheur à vivre et lire toutes affaires cessantes...
N’ayons pas peur des mots, c’est un moment historique de l’édition que nous évoquons ici : la parution de trois contes inédits des "Mille et Une Nuits". A elle seule cette information mériterait la une des organes de presse qui, en continu, rapportent les soubresauts du monde. Gageons, hélas, qu’il faudra encore attendre avant que la parution aux éditions "espaces&signes" fasse l’objet des commentaires qu’elle mérite. Nous avons rencontré l’éditrice de ce petit volume enchanteur et lui avons demandé de nous raconter la genèse de ces trois contes et de leur parution.
Comme à chacune des interviews que je réalise ici, dans l’espace-livres, je prépare les questions que j’aimerais poser, les thèmes que je voudrais entendre évoquer, la trame de la conversation dont j’essaie d’imaginer le fil. Je sais que, une fois le micro allumé, je ne suis plus en mesure de lire mes notes.Je ne veux être que dans l’écoute et dans l’attention.
J’ai écrit des mots-clés : énigme de l’écriture, enfance, clochards, fiction versus récit, empathie, rituels d’écriture, mythes, fraternité, violence et villes, solitude... Je ne savais dans quel ordre ils allaient surgir : dans mes questions ? dans les réponses ? Je savais en revanche qu’ils disposaient à travers l’œuvre de Le Clézio des balises de lecture, des taches de lumière, des gestes de réconfort.
C’est un récit et non un roman auquel nous invite Yves Wellens. Pourtant, l’universalité à laquelle l’enfance de Jean (qui reçoit le surnom de Je à cause de son bégaiement) conduit le lecteur est de l’ordre du romanesque. Sec dans la phrase, précis dans le choix des mots, froid dans l’expression ce compte rendu d’une enfance brisée - par les traumatismes que sont l’alcoolisme du père et le décès d’une petite soeur - nous touche bien davantage que ne l’aurait fait un excès de lyrisme. C’est peut-être pour cela que l’éditeur Xavier Van Vaerenbergh a choisi l’intitulé "récit" au lieu de roman. Paradoxalement, l’un et l’autre, l’éditeur et l’auteur, ont eu raison : l’émotion est là, qui s’emparera peut-être avec davantage de force pour celles et ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, sont nés au début des années 50 dans une Belgique à laquelle tous les rêves semblaient promis après qu’elle fut sortie exsangue de la guerre. L’exposition universelle, les victoires cyclistes, les visites de l’aérodrome de Zaventem nous consolaient du chagrin des Belges... Et, pour ce qui est de Wellens, l’écriture lui donnait la reconnaissance d’un professeur attentif et la naissance d’une vocation qui s’est ensuite confirmée de livre en livre, celui-ci n’étant pas des moindres...
La ré-édition de ce livre paru initialement en 1996 lui restitue son identité romanesque. Inspiré par l’assassinat d’André Cools qui avait bouleversé la vie politique belge en 1991, ce livre avait été perçu à l’époque comme un roman à clés, un récit de circonstance. Le relire aujourd’hui permet de vérifier qu’il n’en était rien., (comme l’écrivait Jean Jauniaux dans la monographie consacrée à De Decker, "La Faculté des Lettres")
Les Editions Alzabane ont eu la main heureuse en confiant au dessinateur belge Jonathan Bousmar les illustrations d’une adaptation haute en couleur du "Don Quichotte". Le texte de Cervantès est adapté, fort librement et fort plaisamment, par Natacha Godeau et Jean-Sébastien Blanck.
La littérature francophone compte désormais une nouvelle signature réunissant, à l’instar des Erckmann-Chatrian et autre Boileau-Narcejac, un couple d’écrivains. Les deux auteurs ont découvert leurs affinités d’écriture en travaillant ensemble à l’adaptation d’un roman de Dannemark.
L’idée leur est venue, dans un premier temps, de faire passer leurs personnages d’un roman de l’un à celui de l’autre. Ce clin d’oeil aux lecteurs attentifs, - qui à notre connaissance est une première dans l’histoire littéraire - , illustre bien la complicité qui entrelace le style, l’inspiration et l’inventivité du duo.
Cette proximité leur permet de relever avec brio le pari littéraire auquel ils se sont confrontés et qui nous donne aujourd’hui deux livres, sortis simultanément : un roman ("Sur la route des coquelicots") et un recueil de textes poétiques, nouvelle et oeuvres graphiques ("Au tour de l’amour").
Comme chaque année, dans le cadre de la Foire du livre de Bruxelles, Amnesty International Belgium réunit des personnalités du monde littéraire et culturel pour évoquer leurs "coups de coeur" littéraires. Ce jeudi 26, la cinéaste Marion Hansel et l’écrivain Alain Berenboom se sont livrés aux questions de Jean Jauniaux pour évoquer une dizaine de romans qui ont marqué leur parcours.
Un roman, le deuxième de la trilogie que l’écrivain consacre aux origines de l’Islam, et un appel à la réconciliation entre les trois religions monothéistes font l’actualité de l’infatigable Marek Halter. Une occasion de le rencontrer et d’évoquer avec lui ces instruments de l’éveil à la tolérance que sont les histoires et l’Histoire...
Ce premier roman de l’éditrice Colette Lambrichs (dont l’oeuvre littéraire se compose surtout de nouvelles), entrelace autour de la figure centrale du récit , Eléonore Kallos, les vérités de chacun de celles et ceux qui ont joué un rôle dans sa vie et qu’elle réunit, à la fin du récit et de sa vie. Lambrichs s’attache à chacun des personnages, dévoile leur vérité, révèle les secrets, décèle les ambitions cachées, réveille les frustrations. Le tout tient en deux journées et un épilogue.
"Eléonore" est aussi l’occasion pour la romancière d’une déambulation dans un Bruxelles familier, dont le kaléidoscope semble un miroir du désordre des vies ici racontées. La capitale du petit Royaume, du moins les quartiers bourgeois de Uccle et Ixelles, est, autant qu’ Eléonore Kallos, un véritable personnage de ce livre qui donne à Bruxelles, comme peu de romans l’ont fait jusqu’à présent, la dimension romanesque qu’elle mérite et qu’elle démontre.
De roman en roman, Armel Job ajoute chaque année un nouveau titre à l’édifice littéraire qu’il constitue depuis son premier livre "Helena Vannek". Il collectionne les prix littéraires qui ne le distraient pas de son parcours de romancier, observateur empathique des grandes et petites misères de l’humanité. Il possède son microcosme littéraire en Ardennes dont il transforme les lieux en autant de laboratoires des passions humaines. Nous avons souvent rapproché son modus operandi des grands noms de la littérature romanesque française du XIX ème : il y a du Balzac et du Zola chez ce fin lettré, mais aussi du Jules Renard car l’humour grinçant n’est jamais absent. Et puis, il y a chez Job une volonté d’empathie - que l’on trouve aussi chez Simenon - à l’égard de la complexité des êtres dont le roman est à la fois le miroir et le confesseur.
Un roman sans défaut, maîtrisé en tout, à l’écriture envoûtante et jubilatoire : rien n’indique qu’il s’agit d’un premier roman. Un des membres du jury du Rossel a salué la "façon tout à fait originale et singulière de parler de l’abandon (...) sans pathos". Les thèmes de l’abandon, de la solitude, du deuil constituent le socle de "Blanès". Jeanmart a toutefois évité tous le piège de la compassion et déroule, dans un phrasé musical, jubilatoire et coloré, le labyrinthe dans lequel elle suit sa narratrice Eva, dans la station balnéaire de Blanès. Un roman attachant, où à plusieurs niveaux, la réalité et la fiction se mêlent, se confrontent, jouent à cache-cache. C’est bien cela, la littérature !
Un roman sur le pardon explore, à partir d’un accident initial, les secrets et les non-dits au sein d’une famille. En cinq temps (la colère, la haine, la vengeance, l’amertume et le pardon) Valérie Tong Cuong donne à entendre chacun des protagonistes.
Les événements éditoriaux mettant en valeur le patrimoine littéraire sont suffisamment rares pour que l’on salue à sa juste valeur le coffret réunissant trois romans de Marie-Thérèse Bodart. Cette initiative conjointe de l’Académie Royale de langue et littérature française de Belgique et de la maison d’édition SAMSA nous a valu une double rencontre. La fille et la petite fille de Marie-Thérèse Bodart, les écrivains Anne et florence Richter se sont prêtées , avec enthousiasme, au jeu des questions évoquant le parcours à la fois original et très actuel de l’oeuvre romanesque à nouveau disponible de celle qui fut aussi l’épouse du poète Roger Bodart. Les trois romans, datant respectivement de 1938 ("Les roseaux noirs"), 1960 ("L’aube") et 1972 ("Les Meubles"), révèlent à la fois l’évolution de la romancière dans son travail stylistique, mais aussi les constantes de son inspiration. On re-découvre aussi l’admirative préface qu’écrivit Charles Plisnier pour saluer la naissance d’une jeune romancière, déroutante et pleinement maîtresse déjà des matériaux du romancier dont "la pâture souveraine (est) le limon humain".
Poète et romancier, essayiste et revuiste, Michel Joiret a plusieurs cordes à son arc. Avec ce roman, "Le carré d’or", il semble avoir joué de chacune pour tisser un portrait saisissant d’un homme et d’une ville : Maxime, avocat, en fin de carrière, veuf inconsolé erre dans un Bruxelles dévasté par les tempêtes de la fin du monde. Il laisse monter en lui le souvenir des temps anciens, de son père, de son grand-père. De son destin à lui depuis qu’adolescent il allait rêver dans le parc d’Egmont, situé au centre du "Carré d’or" à Bruxelles. La capitale de la Belgique disparue a peut-être ici son roman. Mais il ne faut pas réduire ce livre à la géographie apocalyptique de Bruxelles qu’il nous donne à explorer. C’est aussi un roman qui explore la complexité de ce que nous sommes. Un roman c’est cela : restituer aux êtres le droit d’être incompréhensibles.
Chaque roman de Lionel Duroy nous ouvre une nouvelle voie dans l’exploration singulière que mène l’auteur de "Colères" ( mais aussi d’ "auto-biographies" comme celles de Depardieu) dans une des fonctions essentielles de l’écriture littéraire : dire l’universel à partir du plus intime, exprimer la complexité de l’humain à partir de la succession de l’inexplicable quotidien. De livre en livre, Duroy édifie une oeuvre dont on n’a pas encore perçu qu’elle est à la fois abyssale et souveraine. Peut-être un signe de sa force tellurique réside-t-il dans la lecture hypnotique à laquelle son écriture classique et lyrique nous entraîne, comme si nous entrions dans le thriller d’une vie.
Envie de lire des histoires d’amour ? De les offrir ? De les partager ? A l’approche de la Saint-Valentin, l’éditeur Olivier Weyrich a demandé au romancier Armel Job de réunir dans un même recueil des nouvelles inédites. Ce dernier a pris son (virtuel) bâton de pèlerin et a sollicité 9 de ses consoeurs et confrères, qui ne se sont pas faits prier pour répondre à cette initiative. Le résultat ? 10 nouvelles dont le point commun est de citer ces vers de La Fontaine : "Amour, amour, quand tu nous tiens..." Un recueil contrasté autant que la vision de l’amour de ces 10 auteurs... Plutôt que de les interviewer tous (ce que nous ne nous empêcherons pas de faire), nous avons recueilli des lectures d’extraits par les auteurs. Pour chaque texte, un extrait long et un extrait court. de quoi ouvrir l’appétit en attendant la sortie du livre début février dans toutes les bonnes librairies, celles qui ont du coeur !
Nous avons rencontré la poète à l’occasion de la publication de son dernier recueil en date, "Le poème quotidien". L’interroger sur la fonction de la poésie, sur l’écriture de cette lumière intime dont irradient les textes limpides qu’elle nous donne, nous a conduit à évoquer son métier de philosophe mais aussi les créations radiophoniques et l’animation du "Cercle de la Rotonde" dont elle est la fondatrice et l’animatrice. Une voix singulière se donne à entendre, qui nous lit aussi quelques poèmes de ce recueil dont la couverture s’orne d’un dessin de Régine Parent.
Un écrivain et une photographe - libraire consacrent un livre ...aux livres. Ceux qu’ils ont écrits, défendus, vendus, aimés, fait aimer, partagés. Cela donne un livre hors-normes paru aux Editions CFC. "A la proue" emprunte son titre à l’enseigne d’une librairie de la rue des Eperonniers à Bruxelles. Elle était fréquentée entre autres par Guy Goffette qui signe l’avant-dire de ce livre en évoquant la figure du libraire Henri Mercier, maître des lieux à l’époque (années 80) et "capitaine d’un bateau-livre loin de la mer"...
Goffette dit bien l’objet de ce travail de Claude et Mertens, la libraire et l’écrivain "ont joint leurs voix pour nous introduire, textes et photos à l’appui, avec autant d’émotion que de respect, dans le monde d’henri Mercier et partir de lui pour refondre ensemble l’avenir du livre et de la librairie"
En ces jours où l’on ferme les librairies, transformées en boutiques de surgelés de luxe, il est ici un livre urgent à aimer, lire, faire aimer, faire connaître...
"On ne voit pas la nuit tomber" réunit treize nouvelles de Jean-Baptiste Baronian. Nouvelliste et romancier, Baronian excelle au bonheur de raconter. Il nous parle avec gourmandise de cette jubilation à créer des récits imaginaires, des personnages, des situations dont le romanesque nous emporte à la manière des "vrais" romans... Il défend aussi la belle spécificité de la nouvelle, prétendûment boudée par les lecteurs...
"L’étrange estaminet" est le titre que Dominique Leruth a donné à son roman fantasque paru en deux volumes dans la collection "Bookleg- Bruxelles se conte" : une façon rêvée de visiter le centre de Bruxelles à partir de "la feuille en papier doré", lieu mythique du surréalisme bruxellois et belge...
Certains livres entrent dans votre vie par hasard, sans que vous en ayez rien lu ni entendu, sans que vous en sachiez rien. Ce fut le cas pour moi en ce qui concerne "Les profonds chemins". Nous avons là interrogé Houdart sur l’écriture de ce roman atypique qui vient d’être couronné du prestigieux Prix Charles Plisnier. Profitez de ces jours d’hiver et de fin d’année pour lire "Les Profonds chemins". Vous inscrirez à n’en pas douter le nom de Victor Regnart parmi les personnages à la fois énigmatiques et attachants que seul le roman peut nous donner à connaître, ou, en tous cas, nous en procurer l’illusion. Peut-être, ensuite, vos pas vous conduiront un jour à Elouges, au Musée Georges Mulpas où une salle réunit les oeuvres majeures du peintre, tandis qu’un époustouflant musée de la vie quotidienne au siècle dernier occupe un autre espace du bâtiment, à côté de la reconstitution d’une salle de classe...celle où Victor Regnart, écolier, dessinait sans doute déjà en regardant les terrils.
Ecoutez ces deux entretiens avec Françoise Houdart : l’un dans le musée Regnart à propos du peintre, l’autre chez la petite nièce de l’artiste, à propos de l’écriture de son roman.
Un roman profond, comme les chemins dont le titre est fait.
Un premier roman est toujours un pari. En ce qui concerne Damien Desamory, il est réussi et de belle manière. Le nouveau romancier a trouvé ici le ton, la distance, l’ironie, l’empathie pour faire de cette "vie en ville" un roman aussi attachant que le personnage principal, Antal, victime de son destin malgré une vie banale de gardien de nuit d’un hôtel. La maison d’édition Diagonale qui se consacre aux premiers romans a eu raison de le sélectionner pour inaugurer un catalogue prometteur... Nous avons rencontré le romancier et ses deux éditrices, Pascaline David et Ann-Gaëlle Dumont pour évoquer cette romanesque aventure...
Le roman est décidément un indispensable instrument d’investigation de l’Histoire.
Avec "Vera", Jean-Pierre Orban en fait une remarquable et sensible démonstration. Vera Tanner, la narratrice de ce premier roman, se souvient des épisodes marquants de son enfance et sa jeunesse. Elle est née de parents immigrés italiens , installés à Londres dans le quartier de "Little Italy". Ses souvenirs remontent aux débuts du fascisme italien, dans les années trente et traversent un quart de siècle au cours duquel le romancier évoque le destin de cette famille déracinée dans une époque qui ne l’est pas moins. Orban réussit avec ce premier roman à plonger son lecteur dans une fresque émouvante et cruelle, un destin raconté par Vera Tanner, vrai personnage romanesque, qui entre d’emblée dans la famille de ceux qui nous accompagnent longtemps.
Les Editions du CEP publient sous le titre "Aphrodite accroupie" et précédée d’une préface érudite, un recueil de traductions on ne peut plus roboratives de textes érotiques grecs et latins. Les premiers textes traduits par Michel Grodent étaient destinés au départ à être mis en musique sous forme de chansons (et on songe à Brassens en lisant certaines des heureuses formules poétiques tournées par l’éminent helléniste). Petit à petit le projet s’est étoffé et est devenu, sous le signe du CEP, une "juxta" de textes anciens signés Horace, Ovide ou contemporains comme ceux de Georges Souris.
Un scénario de cinéma est-il un instrument technique ou une oeuvre littéraire ? A lire "Djem" on pourrait se dire qu’il peut être à la fois l’un et l’autre. C’est en tous cas le pari qu’a fait Alain Bertrand en créant une nouvelle maison d’édition dédiée à la publication de scenarii : c’est le nom qu’il a donné à son entreprise dont deux volumes ont déjà vu le jour : Le premier dentre eux est "Djem" de Mustafa Balci , un scénario de long métrage que l’on peut lire avant, espérons-le, d’en voir la réalisation au cinéma.
Caroline de Peyster n’a pas froid aux yeux. Le projet de créer une maison d’édition dont le catalogue inédit est consacré aux cultures du monde, elle le porte depuis longtemps. Les quatre premiers livres publiés à l’enseigne d’ espaces&signes viennent de sortir en librairie... Nous l’avons rencontrée dans les locaux de sa maison d’édition ainsi que les traducteurs et adaptateurs des premiers livres, des personnalités aussi attachantes et expertes que la nouvelle éditrice.
A n’en pas douter Jacques Lacarrière aurait aimé le roman de Corine Jamar : il y aurait été sensible à l’évocation de la Crête, qui est le lieu du roman, mais aussi de l’entrelacement des mythologies et du présent, des fictions qui s’imbriquent l’une dans l’autre : évoquer le film "Zorba le Grec" en incluant le directeur photo du film, personnage "réel", dans l’invention romanesque de Jamar est un des enchantements de ce roman où la beauté côtoie la tragédie. Jamar sait jouer de différents registres et nous entraîne avec habileté dans un labyrinthe dont elle tire avec justesse le fil d’Ariane.
La poésie de Géraldine Jamart évoque les paysages intérieurs que sont l’enfance, la mer, l’autre qu’il soit ami ou silhouette inconnue. Le phrasé en ligne claire va à l’essentiel de l’émotion, celle qui se nourrit du présent et de la réminiscence mêlés, celle qui absorbe le monde et en transforme l’apparence par la musicalité de la langue. On se nourrit de cette poésie comme de la lumière de l’aube, celle de toutes les promesses.
Certains romans nous happent dans leur envoûtement dès la première phrase et prolongent leur envoûtement sans discontinuer jusqu’au dernier mot. Le livre de Charneux appartient à cette catégorie, rare, des ouvrages dont on se dit qu’ils ont tout le temps existé en nous. Leur lecture s’inscrivant alors dans le registre de l’évidence. Ce qui fait de ce roman une création hypnotique est à n’en pas douter le personnage central, Taillandier, l’homme dépourvu du plaisir et de la capacité de l’illusion. Le romancier puise dans l’écriture de sa confession désabusée, une jubilation de raconter dont le lecteur ne peut échapper à l’enchantement.
A lire : un grand livre !
A l’occasion de la sortie de son dernier recueil de nouvelles, "Escaut de-ci, de-l’eau", nous sommes allés à la rencontre de Michel Voiturier, écrivain tournaisien qui se partage entre la nouvelle, la poésie et le théâtre. Observateur et acteur du monde culturel, il est aussi chroniqueur littéraire et animateur d’ateliers d’écriture. Il pose sur chacune des activités qui le mobilisent, un regard éclairé par l’ironie et la lucidité, l’empathie et la fantaisie, l’engagement et l’attention... N’est-ce pas ce qui fait d’un écrivain un artiste au sens vrai du terme ?
Plongée dans les années 70, les cassettes audio, les disques Vinyl, le combi VW pour les vacances ; portrait émouvant de Louise à différents âges et de sa grande soeur, Alice, passée de l’autre côté du miroir de l’alcoolisme ; chapitres courts comme des polaroïds qui photographiaient en carré les souvenirs de ces années-là... C’est à tout cela que vous convie ce premier roman, attachant, de Julie Gouazé...
A l’occasion du soixantième anniversaire de la Fondation Charles Plisinier, nous avons sollicité le témoignage de personnalités des lettres belges d’aujourd’hui. La question que nous leur demandons d’aborder : que reste-t-il de Plisnier ? Que nous apprend-t-il aujourd’hui ? Quel enseignement tirer au XXIème siècle de son œuvre littéraire, de ses engagements politiques, de ses contradictions idéologiques ? Au bout de ce parcours, il restera à n’en pas douter la figure imposante d’une personnalité complexe, tellement humaine, donc paradoxale. L’oeuvre de Plisinier nous tend aussi, - c’est la fonction du romancier, souvenons-nous de Stendhal, - un miroir qu’il promène au gré de l’Histoire et qui reflète une certaine image d’aujourd’hui, de la Wallonie, de la Belgique, de l’Europe, mais aussi de la quête de spiritualité et du rôle de l’artiste dans la société.
Pour évoquer la mémoire de Simon Leys, figure majeure du monde intellectuel contemporain, nous avons rendu visite à Pierre Mertens. Ce dernier avait prononcé le discours de réception de Leys à l’Académie Royale de Langue et Littérature française de Belgique en 1992.
Renouant avec le conte philosophique, Florence Richter entrelace les disciplines de la pensée et de la littérature pour développer pas moins qu’une politique (au sens premier et noble du terme) pour le troisième millénaire. C’est brillant, stimulant, érudit ! Il s’agit d’un de ces livres, rares aujourd’hui, qui donnent à penser et à rêver. Sans doute cet effet bienfaisant provient-il de l’exploration par l’auteure des différentes disciplines qu’elle marie entre elles pour nous donner à voir la complexité des choses, à la façon d’un Edgar Morin ou d’un Michel Serres. Et l’enjeu est de taille : penser le monde de demain en prévalant le féminin, l’écologie, l’empathie, le long terme. Un livre à mettre entre toutes les mains, d’urgence.
Nous avons rencontré Gilles Laporte dont le dernier roman vient d’être publié aux éditions "Genèse". On retrouve dans ce récit l’écriture classique de l’écrivain qui inscrit son oeuvre dans les questionnements de la société contemporaine où s’affrontent le cynisme et l’éthique.
"Ceux qui s’éloignent", dernier recueil en date de Serge Meurant nous donne une nouvelle occasion d’aller à la rencontre de ce poète sensible et attachant dont la phrase épurée dit l’essentiel, l’exprime et le donne à voir, sans artifices ni faux-fuyants. Lorsque la poésie est aussi lumière sur les choses, elle n’a pas besoin de se réfugier dans le paraître poétique. Meurant en donne une nouvelle démonstration éclatante.
Les Editions Weyrich publient le dernier livre d’Alain Bertrand, cet écrivain sensible et malicieux qui nous a quitté brutalement il y a quelques mois. C’est un titre lumineux qu’Alain Bertrand avait choisi pour ce recueil de textes courts à lire dans un rayon de soleil. Nous avons rencontré Christian Libens qui évoque avec émotion la figure de l’ami disparu et de l’écrivain avec qui il animait la collection "Plumes du Coq", cette collection qui continue d’enrichir de chacun de ses titres la bibliothèque de l’honnête homme.
Les Editions Fata Morgana publient les deux derniers ouvrages du philosophe Jacques Sojcher : deux recueils de poèmes confrontés aux dessins de Lionel Vinche pour l’un et de Richard Kenigsman pour l’autre. Double exploration d’un univers où la poésie se substitue à la pensée philosophique.
Les Editions Slatkine ont commencé la publication des "Ecrits" de l’écrivain suisse Bertil Galland. Deux volumes sont parus à ce jour. L’édition complète en comptera huit. Nous avons rencontré Bertil Galland à la veille de l’attribution du Prix International Nessim Habif décerné par l’Académie Royale de Langue et Littérature de Belgique.
Cinquième roman de Daniel Soil, "En tout !" alterne dans l’évocation qu’en fait Jean le narrateur les années 2011 et 1971. Nommé professeur de morale à 22 ans, Jean convoque quarante ans plus tard les souvenirs de ses engagements. Il est question de Palestine et d’Israël, de droits humains et de tolérance : des thématiques que l’écrivain évoque avec justesse à travers les personnages qu’il nous rend proches et familiers et une écriture lumineuse.
En 1962, Roland Beyen découvre l’oeuvre de Michel de Ghelderode. En 1982, après lui avoir consacré un mémoire de licence et une thèse de doctorat, il débute la publication de la correspondance du dramaturge. Trente après, il clôt cette exceptionnelle "biographie épistolaire".
Eric Orsenna est un auteur multiple. Il alterne les essais, les contes, les romans, les récits. Il nous dit choisir la forme romanesque lorsqu’il veut "comprendre". Avec son dernier roman, il fait appel à la fiction pour nous raconter le Mali d’aujourd’hui et, à partir du regard de Madame Ba, il nous aide à en comprendre les déchirements.
La "chambre d’art" (constcamer) est le nom originel des "cabinets d’amateur", ces tableaux représentant des collections de peintures.
Pour son premier roman, André Querton, a imaginé une guerre civile dans un futur indéterminé. Les "Événements" conduisent les autorités du pays à enlever du Musée National les oeuvres d’art et à les mettre à l’abri. Le narrateur, Ignace, un ancien diplomate est chargé de veiller sur les peintures que des convois de camions apportent dans la ferme-château du Fosberg. Parmi celles-ci, un tableau de Willem van Haecht...
La ville de Mons peut se targuer d’avoir un roman qui lui est d’une certaine manière dédié. Intrigue policière et récit d’atmosphère, le dernier roman de Cotton se déroule pour l’essentiel dans la cité du Doudou. Mons devient un lieu romanesque, ville où se trouve la maison que l’on désigne par le nom de la rue où elle se trouve : la rue des Cinq Visages. Un bonheur de lecture et une invitation à aller flâner dans Mons, Capitale européenne de la culture en 2015, faut-il le rappeler...
On connaît Eric Russon journaliste culturel, animateur d’émissions de télévision, auteur de théâtre. Il publie chez un nouvel éditeur belge (Lamiroy) son premier roman : "Crispations". L’auteur a choisi d’emblée, et sans jamais perdre pied, les enchevêtrements du roman choral. Avec l’ironie détachée que l’on retrouve plus souvent chez les auteurs anglo-saxons, et l’habileté d’un vrai raconteur d’histoires, Russon entraîne un florilège de personnages dans des engrenages qu’il met en mouvement avec une jubilation contagieuse et une empathie pétillante.
Premier volume de ce qui sera une trilogie, "Anatolia Rhapsody" apporte un regard d’écrivain sur l’immigration turque en Belgique dont on commémore le cinquantième anniversaire. Appartenant à la deuxième génération, Gorgün aborde pour la première fois de front un vécu qu’il nous restitue dans toute sa vérité et sa complexité. En filigrane, le portrait émouvant et sensible de son père et de sa famille emprisonnés dans la nostalgie et l’"exil immobile".
Caroline Lamarche aurait voulu que son éditeur Gallimard indique sur la couverture de son dernier livre , non pas "roman", mais "Une histoire". C’est de cela qu’il s’agit : une histoire. Celle d’un viol. Celle d’une femme qui dans un monologue fait le récit d’un viol qu’elle a subi vingt-cinq ans plus tôt. Un rêve déclenche la narration menée sans pathos, sans plainte. Avec la résolution épurée de l’écriture qui puise ses forces dans l’ironie, dans la ligne claire et dans le refus de se lamenter. Un livre écrit à la première personne. Le "je" réaffirme toute sa force. la littérature ne connaît pas la prescription.
Si vous ne lisez qu’un seul livre en cette année 2014, choisissez celui-ci. Ce deuxième roman confirme, si besoin en était, que Bernard Dan est écrivain, il appartient à la catégorie des vrais raconteurs d’histoires. Une fois son livre refermé, lecture achevée, nous reste la vision empathique et humaniste que ce médecin-romancier porte sur la rencontre de ses personnages avec leur destin. Esther philosophe insomniaque est en examen dans le laboratoire de sommeil où, Camille, , rescapé du génocide rwandais, est infirmier. A travers eux, Bernard Dan nous parle d’amitié, de lucidité, de résilience, mais aussi du génocide rwandais, de la recherche de racines, de la nécessité du rêve, dans ce grand roman de l’abandon. Si la littérature doit nous aider à comprendre le monde ou, à tout le moins, nous permet de lui donner un peu de sens, ce livre trouve d’emblée sa place dans la bibliothèque de l’honnête homme.
Voici un livre hors normes : roman, récit, chant, poésie, nouvelle, tous les genres semblent avoir été sollicités par Anne van Maele pour cette vibration littéraire à laquelle nous invitent les trois personnages du livre. Un récit qui, par l’univers irréel que la phrase invente, évoque par moments Duras ou Gracq, Delvaux ou Spiliaert.
Auteur d’une trentaine de livres, Christian Libens est une des figures incontournables du monde littéraire belge. Les Editions Weyrich ont fort à propos republié un roman paru en 1998 à l’occasion du centième anniversaire d’un séjour qu’effectua dans la région de Stavelot le jeune Guillaume Apollinaire. Dans cette fiction ancrée dans le réel, le romancier part à la rencontre d’un jeune homme sans le sou qui deviendra un des grands poètes de son siècle.
Il est des événements dans le monde de l’édition qui sont des ravissements. La publication dans la collection "La Petite Pierre" (créée et dirigée par Jean Marchetti en marge de "La Pierre d’Alun) d’un inédit signé Henri Vernes est un de ces bonheurs rares pour les amateurs de littérature (peu importe si on la qualifie de "populaire"), pour les nostalgiques de Bob Morane, pour les accrocs de la Série Noire. Ce roman, inachevé, écrit en 1957, devient un livre d’art, illustré par Jacques Loustal, à se procurer toutes affaires cessantes !
Couronné du Prix Rossel (dont il a été finaliste à 3 reprises), Alain Berenboom fait dans son dernier livre un récit familial dont le fil rouge est attaché au destin de son père, Chaïm, immigré modèle venu de Pologne en Belgique dans les années trente. C’est lui "Monsieur Optimiste". Berenboom historien, mémorialiste et observateur devient par la force des choses le narrateur ("le chroniqueur") de ce récit qui explore, à travers le destin d’une famille, un siècle d’Histoire.
Quel meilleur moyen de connaître un pays que de lire ce que nous en fait ressentir sa littérature ? La fiction n’est-elle pas la plus efficace des ambassades, celle qui nous fait vivre la vérité d’une région à travers romans et nouvelles ? La collection "Bleu de Chine" fait de ceci une démonstration éclatante en proposant un catalogue d’une inépuisable richesse. Si quelqu’un en France mérite bien le titre d’ambassadrice des lettres chinoises que nous lui octroyons, c’est bien Geneviève Imbot-Bichet. En 1994, elle crée "Bleu de Chine" , une maison d’édition de romans chinois contemporains qu’elle tient seule (avec l’aide de son fils) à bout de bras jusqu’à ce que Antoine Gallimard l’accueille dans ses collections en 2010.
L’angoisse d’Yvane, modulée par l’humour et l’humanité, est ici un indispensable baromètre de notre temps. Jean Yvane nous dit un monde brutal, cynique. Il nous dit un monde où plus personne ne trouve sa place. Il nous invite à la vigilance humaniste.
N’est-ce pas là une des fonctions essentielles de la littérature ?
Ce roman en fait une éclatante démonstration. Il est à la fois exigeant et fascinant. Une fois refermé, il ne nous quitte plus.
Les revues ont de tous temps été les aiguillons du monde littéraire. Elles sont aussi de fragiles instruments de promotion d’auteurs et de textes. Lorsqu’elles viennent à disparaître, elles laissent derrière elles un vide que rien ne vient combler. "Le Non-Dit" après un quart de siècle de parution ininterrompue, arrive en bout de course, faute de moyens financiers suffisants. Michel Joiret, son fondateur, nous dit le non-dit...
A la librairie Quartiers-Latins Jacques De Decker a évoqué l’oeuvre du germaniste et critique littéraire Jean Weisgerber en prenant appui sur la publication récente d’une ré-édition de l’essai consacré à Dostoievski et Faulkner.
Nous avons rencontré Alain Dartevelle qui évoque quatre de ses derniers ouvrages, dont deux parus au "Murmure" , un à "L’âge d’homme" et le dernier chez "Lèse Art".
Il nous parle de son travail d’écrivain, des sources d’inspiration, de la fantaisie de n’appartenir à aucune catégorie..
Dans son dernier roman, Françoise Pirart dénoue l’écheveau de destins croisés, celui d’Antonine et celui de Lara. La première termine ses jours dans la solitude d’un home, la seconde, par humanité, a choisi de lui rendre visite, sans la connaître, parce qu’elle est seule, par humanité. Mais le passé remonte à la surface de la mémoire partagée...
La Guerre d’Algérie - Yvane a été un appelé du contingent - constitue une expérience marquante dont il s’inspirera pour plusieurs livres, ainsi que la seconde Guerre Mondiale qui sera la trame inspiratrice d’autres ouvrages (dont le bouleversant "Rue des Mauvais-Garçons") . De longue date nous espérions une occasion de l’enregistrer : chose faite en novembre 2013 dans une brasserie parisienne (hélas bruyante).Dans quelques semaines sortira le prochain Yvane, "L’Homme qui marche" aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Rendez-vous est pris pour une nouvelle rencontre avec ce grand écrivain, atypique dans sa discrétion. Il ne faudrait pas qu’à cause de cette qualité, ses livres ne figurent pas en bonne place dans la bibliothèque de l’honnête homme...
Rencontrer Stephen King cela ne se refuse pas ! A l’occasion de la sortie de son dernier roman, l’écrivain américain était à Paris.
Première partie de cette rencontre exceptionnelle avec l’auteur de Shining qui revendique être avant tout un "écrivain de l’émotion"...
Deux ouvrages majeurs accompagnent les célébrations du centenaire de la mort de l’écrivain Camille Lemonnier, titan des lettres qui publia plus de 80 volumes de nouvelles, contes, textes critiques et bien sûr, romans dont le plus célèbre est "Un mâle". Le 16 novembre 2013, l’Académie Royale de langue et littérature de Belgique célébrera l’écrivain, internationalement reconnu de son vivant, lors d’une séance académique publique qui débutera à 9h30. Cette même académie a publié deux ouvrages dédiés à Lemonnier : un recueil de nouvelles (inédites en volume) et une biographie magistrale et passionnante signée Philippe Roy. De son côté la collection patrimoniale "Espace-Nord" compte à son catalogue plusieurs romans de Lemonnier, disponibles en format de poche.
Romancière et conteuse, Halima Hamdane nous donne aux éditions "Le grand souffle" un émouvant portrait de Dada Yitto, dont elle nous raconte la vie qui a débuté lorsque, fillette, elle a été enlevée pour être livrée comme esclave dans une famille marocaine du siècle dernier.
Ce roman émouvant fait le portrait d’une adolescente en fugue. Enfant non désiré, blessée autant par les silences de son père que par les propos acerbes de sa mère, elle essaie de fuir la réalité dont la mémoire, hélas est indélébile.
Bruno Sulak raconté par Jaenada cela donne un roman hors norme où le romancier et le personnage s’observent, s’approchent, se cherchent. En écrivant "Sulak", l’écrivain se trouve à la fois dans la position du laborantin qui observe la souris dans le labyrinthe, et dans les dédales de l’expérience. C’est cela l’énigme de la littérature ?
Une interrogation traverse comme un fil d’Ariane les rencontres que nous avons le privilège de faire avec les écrivains qui se prêtent, sur www.espace-livres.be , à nos questions : quel est finalement la fonction du livre, de la littérature, du roman dans le monde où nous vivons aujourd’hui. De semaine en semaine nous ajouterons dans cette rubrique les réponses parfois décalées, souvent inattendues, toujours ouvertes sur l’énigme de l’écriture...
Sans doute a-t-il soufflé à l’oreille de Pascale Toussaint cette stimulante initiative : écrire sous forme de roman une originale et formidable évocation de l’écrivain surréaliste. Originaire d’Ollignies en Hainaut, il habita presque toute sa vie, rue de la Luzerne à Schaerbeek...dans une maison que Pascale Toussaint et son mari, achetèrent en vente publique il y a une quinzaine d’années...
Libraires, bibliothécaires, éditeurs, ils constituent la chaîne du livre. Nous sommes allés à leur rencontre pour évoquer "la vocation du livre". Une première série d’entretiens nous a permis de rencontrer quelques libraires qui, à brûle pourpoint, répondent aux mêmes questions...
Prenant prétexte de la publication de "Conversation" d’Elisabeth Ivanovsky (avec Serge Meurant, Editions Tandem) et de la ré-édition de "Gages et autres poèmes" de René Meurant (Le Taillis Pré), nous avons demandé à Serge Meurant d’évoquer ces deux artistes majeurs.
Les Editions Esperluète réunissent le photographe et le poète dans un court volume où alternent images poétiques et argentiques. Les unes et les autres, en cahiers successifs, abordent les rivages inspirés des différents chapitres : "Les enfants", "Silences", "Paysages domestiques", "Traversées", "Panorama".
Parmi les commémorations du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire, le récit de Daniel Maximin nous prodigue une lumineuse célébration fraternelle du poète antillais. Maximin, le Guadeloupéen et Césaire, l’Antillais se désignaient comme "frères volcans" : le livre de Maximin nous donne la clé de cette tellurie.
Ce roman fait le portrait halluciné de l’immédiat après-guerre. Des premiers jours de novembre 1918 au 14 juillet 1920, Pierre Lemaître nous entraîne dans le sillage de personnages dont il fait le miroir des derniers jours de la "Grande Guerre" et des mois qui ont suivi. Ce roman picaresque, mené tambour battant, démontre une fois encore que la fiction nous en dit bien davantage sur nous que l’Histoire.
Le roman est décidément un instrument indispensable pour qui veut appréhender la complexité des choses, des hommes et du monde. Avec "Les cent derniers jours", McGuinness nous plonge dans le cauchemar halluciné que fut le régime dictatorial des Ceaucescu dont il raconte les cent derniers jours. S’il est un grand roman de cette rentrée littéraire anglo-saxonne c’est bien celui-ci et, soulignons-le, admirablement traduit en français par Karine Lalechère dont le nom figure en couverture de l’ouvrage.
Nous avions rencontré Véronique Olmi à deux reprises déjà et, comme aujourd’hui, nous avions souligné cette grâce particulière de l’écrivain à créer des personnages qui continuent longtemps de nous habiter, de nous hanter, une fois le livre refermé.
Dernière nouvelle : "le Divan..." figure dans la première liste du Goncourt 2013... Nous avions rencontré l’auteur à la publication du roman...
Un roman exige du lecteur « la suspension volontaire de l’incrédulité ». Baltassat, jouant de la vérité inaccessible de l’Histoire et du mensonge indispensable de la littérature, nous plonge,lui, dans une suspension salutaire de l’aveuglement.Il nous donne, en entremêlant Histoire et fiction, un portrait intime et sidérant de vérité de Staline. En refermant le livre, on s’aperçoit qu’il nous interroge bien au-delà de l’Histoire...
Et si ce livre était vraiment un roman ? Et pas la confession d’un enfant du siècle et de son chagrin d’amour qui n’en serait que le prétexte, l’argument ? Pourtant, tout a été vécu semble-t-il par la narratrice M.S. qui a les mêmes initiales que l’auteure (on voit même sa photo parmi les multiples illustrations qui orne l’"ouvrage")...
Le roman. Quel meilleur instrument pour explorer les énigmes et les secrets qui hantent l’enfance ? Sylvie Germain nous achemine par petits tableaux successifs vers la vérité de son personnage Lili depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Elle fait ainsi le portrait d’une génération à travers les petites scènes capitales d’une famille.
Eric-Emmanuel Schmitt revient au récit long et donne ici une somme romanesque à la dimension du sujet qu’il aborde, comme une énigme aux multiples facettes, que seul le roman peut investiguer : la sexualité. L’énigme de la sexualité comme réponse à la quête du bonheur ? Une vraie question de philosophe...
Dans les ruines de la ville de Ciutabel, le narrateur essaie de reconstituer le passé fantastique de la cité encerclée. Pour en échapper, il fallait rendre visite à la Grimeuse...
Dans ce qui est sans doute son roman le plus abouti, Ariane Le Fort explore à nouveau l’énigme de la relation amoureuse. Elle prend appui sur deux couples aussi improbables qu’attachants. L’écriture empathique et enjouée de la romancière nous enchante mais ne nous distrait pas de la profonde humanité de ces personnages livrés à l’enjeu de la sincérité : peut-on vivre l’amour quel qu’il soit ? En refermant ce livre, on se dit qu’il serait un formidable scénario pour un film de Woody Allen ou une BD de Floc’h. Ce dernier a composé d’ailleurs la couverture du roman.
Même si c’est un roman qui lui valut naguère le Prix Rossel (le prix littéraire le plus important en Belgique francophone), chacun de ses recueils de nouvelles est un événement attendu pour le public friand de la façon dont Lambert en quelques lignes campe un personnage, un lieu, un désarroi, puis en quelques pages, semées de ce qu’il appelle des indices invisibles, hypnotise le lecteur.
Jean-Luc Outers ne cesse d’interroger la littérature et d’y déceler ce qu’elle nous apporte dans la compréhension du monde, celui qui commence à proximité de nous, à portée de regard.
Les titres des romans de Francis Dannemark déploient sur la couverture de chacun de ses livres une poésie faussement désuète. L’habitude du titre long en fait une sorte de rituel, une initiation nécessaire à l’entrée en lecture. Le dernier roman ne fait pas exception : "Histoire d’Alice, qui ne pensait à rien (et de tous ses maris, plus un)"
Les Editions Zellige continuent de nourrir leur collection "Vents du Nord" d’inédits d’auteurs belges francophones. "Un échange risqué", premier roman d’Anne Duvivier, se situe à Bruxelles et au Musée de Tervuren : une occasion d’explorer le potentiel romanesque de la capitale du Petit Royaume....
Inspiré par René Char dont il était l’ami, Daniel Leuwers a créé les "livres pauvres" en 2002. Aujourd’hui il peut en dénombrer plus de 1000.
La littérature est un exceptionnel instrument d’investigation de l’enfance et, dans l’étrave qu’elle creuse chaque lecteur trouve l’écho d’une résilience. Fatou Diome s’inscrit dans cette lignée d’écrivains qui marquent chacune de leurs phrases du battement d’un coeur d’enfant d’où ils puisent une inépuisable énergie créatrice.
La quatrième de couverture, signée de Milan Kundera, suffirait à rendre compte de ce premier roman d’un médecin, sommité dans sa discipline la chirurgie réparatrice. Ne pourrait-on aussi s’interroger sur cette nécessité absolue d’écrire qui fait les vrais écrivains et y trouver là ce qui donne à ce premier roman le souffle indispensable pour aborder la complexité de l’homme ?
"Un jour, je serai prix Nobelge" proclame le poète truculent Verheggen ! Mais ne l’est-il pas déjà lui qui fait partie du cercle ô combien restreint des auteurs publiés dans la collection "Poésie/Gallimard" ?
Six romans déjà publiés s’inscrivent dans la vocation de cette collection de romans inédits destinés principalement à un public d’"apprenants en alphabétisation". Cette formulation désigne ces adultes qui ont décidé de franchir la porte de "Lire et écrire", de surmonter leur pudeur et leur appréhension pour dévoiler ce qui souvent est un secret, leur incapacité de maîtriser la lecture et l’écriture, et, surtout, se lancer dans l’apprentissage la lecture et l’écriture !
Un roman sensible qui ne manquera pas d’évoquer à chacun de nous les proches dont le grand-âge nous désoriente tant.
"J’ai voulu créer une image mentale de l’Univers" : c’est ainsi que débute l’entretien enregistré chez Jean-Louis Lippert à l’occasion de la parution de son dernier livre "Ajiaco".
Peut-être le titre de ce recueil est-il celui qui correspond le mieux à l’écriture de François Emmanuel. Chacun de ses livres participe d’un lent et progressif dévoilement de l’émotion qu’engendrent les personnages et les narrateurs qu’il place sur l’échiquier de la page blanche avec laquelle il donne l’impression de converser.
Qui mieux que le biographe de Rimbaud, Verlaine et Baudelaire pouvait écrire le roman des journées de juillet 1873 que Rimbaud passa à Bruxelles ?
Ce roman ne mérite pas de passer inaperçu. 2013 est l’année du centenaire de la création du "Sacre du Printemps" de Stravinsky et le quadricentenaire de la mort de Gesualdo. ai roman, qui enchante le lecteur et pique la curiosité de celui-ci envers
De livre en livre, depuis "Les Naufragés" jusqu’aux "Démons me turlupinant", Declerck édifie une oeuvre littéraire originale et bouleversante. En le lisant, on cherche des équivalents, des frères d’écriture comme on dirait des frères d’armes car pour eux la littérature est un combat. Céline, Woolf, Kawabata affleurent, une fois le livre refermé.
Chez Martine Cornil, la photographie interroge l’énigme du visible, sans la résoudre. Derrière l’apparence, elle dévoile l’inconnu. Dans l’univers familier de la parole, nous évoquerions l’indicible ou le cheminement labyrinthique de la phrase qui tente sans repos de désincarcérer la complexité des choses.
Genèse Edition publie le dernier roman en date de Henri Roanne-Rosenblatt que nous avons rencontré à Bruxelles à quelques jours de la Foire du Livre de Bruxelles.
"Marie Lebey esquisse une caricature de sa mère, légèrement ridicule, avec son côté Madame Verdurin pour qui l’art et la beauté sont partout, sauf chez sa fille qu’elle ne voit pas. Elle va jusqu’à moquer ses origines belges dont Baudelaire dresse le portrait au vitriol dans Pauvre Belgique ! "
"(...) le faux détachement à la Montaigne fait de chaque page un instant de sérénité souriante : texte bref et images à la ligne claire s’entrelacent, se contredisent, se moquent de leur sérieux respectif. Ne vous fiez pas aux apparences : Floc’h, c’est de la tendresse à l’état pur. On comprend qu’il déploie autant d’efforts pour le dissimuler : il fondrait comme friandise au soleil."
Un des livres forts de la sélection finale du prix littéraire du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Quelle heureuse initiative a eu l’éditeur Gérard Adam (M.E.O ?) de publier ce texte dont une première version avait été écrite en 1981 lorsque l’auteur a une quarantaine d’années...
La collection mythique "Orphée" a été relancée par les Editions La Différence en mai 2012 rendant ainsi à nouveaux disponibles quelques uns des textes majeurs de la poésie. Parmi ceux-ci, pour la littérature belge, à côté de Max Elskamp, Odilon-Jean Perier, Leonard Nolens, Emile Verhaeren, et Karel Van De Woestijne, "La Route du sel" de Roger Bodart peut démontrer près d’un demi-siècle après sa première publication, une fulgurante et éternelle actualité.
Françoise Pirart nous entraîne à la suite de Jeremy Alexander Voigt dans une expédition qui lui fera traverser l’Empire Russe. Nous sommes en 1820.
Voici un "livre-bibliothèque" où le narrateur, au fil de promenades convalescentes dans le Jardin du Luxembourg à Paris convoque les personnages des romans qui ont jalonné son enfance : Don Quichotte, Jean Valjean, etc.
Dans la collection "Les Affranchis", Anne écrit à son papa, René Goscinny dans un chemin de deuil sensible et une exploration de l’absence transcendés par l’écriture.
Après "La Donation", le deuxième roman de Florence Noiville explore le sentiment amoureux dans un récit à plusieurs voix, "L’Attachement"
"Je porte dans mon prénom l’humanité naissante, mais j’appartiens à une humanité qui s’éteint, - notera Adam dans son carnet deux jours avant le drame."
Nous avons rencontré Sylvie Ohayon à l’occasion de la publication de son deuxième roman, autobiographique assumé, qui nous raconte l’ascension sociale d’une jeune des banlieues dans l’univers de "Bourgeoises".
Nourri du spectacle qu’elle lui a consacré, le livre de Viktor Lazlo nous plonge dans la fascination hypnotique que la chanteuse exerce sur les protagonistes imaginés par la romancière : une jeune femme dont la mère ressemble à Billie et dont le père a été fou amoureux.
"Tout le monde parlait du livre. dans les rues de New York, je ne pouvais plus déambuler en paix, je ne pouvais plus faire mon jogging dans les allées de Central Park sans que des promeneurs me reconnaissent et s’exclament :"Hé, c’est Goldman ! C’est l’écrivain !"
Les Editions "Le Taillis Pré" inaugurent une collection "Erotik" avec un recueil de textes du poète Eric Brogniet que nous avons rencontré à cette occasion.
A l’occasion d’Europalia Chine et de la publication de son dernier roman, « La dure loi du Karma », traduit en français par Chantal Chen-Andro, le Prix Nobel de littérature, le romancier MO YAN avait confié à Edmond Morrel sa perception du travail du romancier, ses rituels d’écriture, la place du roman dans l’apprentissage de la Chine pour un Occidental, la traduction de ses œuvres…
"Mais une intuition incertaine, une vague prémonition m’a fait écrire sur elle. Je commence à comprendre pourquoi. A travers Sheyda, je cherche l’Iran, et tout ce qui m’a échappé. Et je me cherche aussi moi-même. Sans doute"
"Jeudi 3 septembre
Simon entre en maternelle et Yann me quitte (Tu ne peux pas nous quitter comme ça, ai-je hurlé. Je ne vous quitte pas, je te quitte). Tout est cassé, effondré. S’en remettre à l’épuisement, après les cris, les larmes, les hoquets, les spasmes. Laisser mon corps devenir écorce, enveloppe qui transporte ses décombres. Ne plus bouger pour ne pas aggraver les dégâts."
"La poésie serait de l’ordre du feu : elle éclaire et réchauffe au coeur des pires ténèbres. Vivre en poésie, ce serait interroger chaque visage ou paysage, reconnaître la connivence qui nous unit à l’univers. Étonnement, émerveillement, mais aussi rébellion contre ce qui réduit et obscurcit la splendeur de l’être." (Espace-Nord)
Un roman à plusieurs voix tente de percer les mystères angoissants de la maladie d’Alzheimer en alternant le vécu de la malade et celui de ses proches.
Il est dommage que ce grand roman ne fasse pas l’objet de davantage d’attention dans la presse : il nous en dit beaucoup sur le monde d’aujourd’hui en évoquant les événements d’il y a quatre-vingt ans. L’Histoire comme chaque fois qu’elle est décryptée par la fiction romanesque nous présente un miroir dont on ne peut plus, une fois la lecture achevée, occulter les ombres menaçantes.
La littérature permet à Lionel Duroy de transcender les événements de l’Histoire, ici celle de la guerre de Yougoslavie sur laquelle il porte le regard d’un homme qui ne juge pas. C’est cela la fonction du romancier.
"Barbe-Bleue" met en scène une jeune enseignante belge, Saturnine, co-locataire à Paris d’un hidalgo espagnol dont les 8 colocataires précédentes ont disparu... Amélie Nothomb revisite le conte et en fait un roman sulfureux.
Avec « La chienne de Naha » Caroline Lamarche nous donne un roman essentiel, un de ces livres dont la lecture vous transforme, vous hypnotise, vous émeut, vous séduit et vous enchante tout à la fois. Faites une première lecture du livre, puis revenez-y à pour en ressentir à nouveau ce qui fait un grand roman : la sensation de ne plus voir le monde comme avant, d’être mieux armé pour la compréhension et l’empathie.
La collection "Archives du Futur" poursuit la publication des oeuvres complètes de Jean Louvet avec un troisième volume consacré au théâtre. Cette édition qui coïncide avec les cinquante ans de théâtre de l’auteur de "Conversation en Wallonie", réunit cinq pièces remarquablement présentées et commentées par Vincent Radermecker.
De la Belgique, Roegiers nous donne un roman total et initiatique. Sur les pas d’un jeune garçon de onze ans, sans parents, l’auteur nous entraîne au travers de neuf chapitres (comme les 9 boules de l’Atomium) dans l’histoire, la géographie, la géométrie, le génie, la fantaisie, l’irrévérence et la résignation, l’individualisme et l’aménité d’un pays. Roegiers invente une langue faite de ce qu’il désigne. Même les noms propres, de lieux ou de personnes, chantent dans le récit qui semble ainsi s’appuyer sur une ligne mélodique continue entrecoupée régulièrement de dialogues brefs et incisifs.
Précipitez-vous chez votre libraire et achetez le dernier roman de Francis Dannemark. Les 68 chapitres qui le composent vous enchanteront par la grâce avec laquelle l’écrivain, qui est aussi poète, nous raconte trois saisons de la vie d’une maison qui menace ruine, de ses occupants et de tous ceux qui y passent, en particulier le mercredi, pour un ciné-club hebdomadaire dédié principalement aux comédies américaines de l’entre-deux-guerres.
Ce roman est de ceux dont il ne faut rien dévoiler : il faut l’ouvrir et le lire au rythme d’une sonate de Lizst, la ... que l’on ne résistera pas à aller chercher sur youtube dans les différentes versions qui y sont offertes. C’est à ce rythme là qu’il faut accorder celui de notre lecture du livre qui, de voix en voix, nous dira à nouveau la complexité des êtres, la douleur lancinante des secrets et la lumière de la résilience.
Les Editions de l’Esperluette réinventent à chaque publication de leurs livres-accordéons la magie de la lecture-plaisir. Avec "Encore un quart d’heure", elles confirment la justesse de leurs choix éditoriaux.
Avec "Citoyen Park", Charly Delwart nous dresse le portrait d’un dictateur plus vrai que nature, plus vrai que son modèle Nord-Coréen : un récit hallucinant de plausibilité de la construction mentale d’un chef d’état dont le pays devient un plateau de cinéma et les citoyens des figurants d’une ubuesque fiction.
Ariane Lefort écrit à partir des riens de la vie, elle raconte les "débuts", elle observe les personnages qu’elle met en scène, qu’elle éclaire du regard de l’écrivain, un regard dépourvu de jugement, de préjugé. Le lundi 24 septembre 2012, soirée "Portées-Portraits" avec lecture d’extraits par Yasmina Douieb accompagnée au saxophone par Nicolas Talbot.
La poésie de Lison-Leroy semble se nourrir d’émotion et de musicalité à chaque ligne disposée sur la page. Le poème s’enrichit à chaque lecture d’une variation inattendue de la rêverie à laquelle il invite.
En août 1942, Marcel Duchamps fait escale à Casablanca. Il vient de Marseille et tente de joindre New-York. Serge Bramly fait de ce séjour un roman qui devient un portrait saisissant d’un des artistes les plus énigmatiques du siècle dernier.
Au terme de la lecture de ce roman nous ne verrons plus les fermetures et délocalisations d’usines de la même façon lorsqu’elles nous seront annoncées par d’insensibles reportages de télévision qui semblent tous se nourrir à la même banque d’images.
Ce deuxième roman d’Hervé Bel vous prend à la gorge : de la vie de Marie, racontée aux dernier jours de celle de son mari pour lequel elle n’éprouve aucun sentiment, il ne reste que l’amertume alimentée de jour en jour par la déception masquée sous la convenance, l’habitude, la convention.
"Ces derniers mois, l’inespéré a eu lieu : tri qui se faisait sans peine, ligne clauree et brutale qui traçait les mots. Quarante ou cinquante fois, lointaines ou rapprochées : les salves. A cette violence, à cette fragilité, j’ai reconnu la poésie, et mon néant sans elle, et mon néant sans l’amour."
Précipitez-vous sur ce roman ! Il se lit avec jubilation et vous en apprend davantage sur le monde que tous les journaux télévisés des douze dernières années confondus. 124 pages à déposer sur tous les bancs d’école, dans tous les isoloirs , dans les rédactions des journaux, dans les travées des parlements... Peut-être n’est-il pas trop tard ?
Troisième volet du cycle romanesque narrant les enquêtes de Michel Van Loo, le roman de Berenboom trace un portrait acéré de la Belgique de l’après-guerre. Le détective est plongé dans la Wallonie socialiste des charbonnages et dans la communauté immigrée italienne. La fiction : la plus efficace des pédagogies de l’Histoire...
Dans ce récit, Marc Lobet explore l’énigme de la mémoire. A l’image de son titre vertigineux , - dans le cerveau l’hippocampe gère les processus de mémorisation- le livre est fait d’évocations dont le montage n’est pas sans nous rappeler que Lobet est aussi cinéaste.
Didier Decoin nous raconte son amour des jardins dans un récit qui semble avoir été écrit d’une traite, au fil de la plume et de l’entrelacs des souvenirs que le simple nom de "jardin" éveille chez le romancier.
L’édition d’Ajiaco le dernier livre en date de Jean-Louis Lippert a donné lieu en juin dernier lors d’une présentation à la Maison du Livre à Bruxelles à une rencontre de l’écrivain avec Richard Miller."Ajiaco"est une plongée dans l’univers d’un écrivain hors-normes, aède des temps modernes dont il ne cesse d’explorer le vertigineux labyrinthe.
Dans un essai limpide et passionnant Richard Miller développe et illustre le concept d’"imaginisation". L’homme est un imaginaire singulier. Il crée sans cesse des images du réel dans lequel il évolue.
Le Jury du Rossel met en lumière un roman, un premier roman, qui bénéficiera ainsi d’une promotion particulièrement méritée. Damas émeut à la fois par le style et par les personnages dont elle nous raconte les secrets dissimulés dans la violence du monde rural. L’occasion aussi de saluer l’oeuvre théâtrale de Geneviève Damas et l’éditeur Emile Lansman.
La littérature, et en particulier le roman, permettent d’explorer la réalité, d’autant mieux lorsque celle-ci est complexe. Avec son "Portrait de Balthazar", Jasna Samic ne dément pas cette observation en la démontrant dans un récit du Sarajevo de l’après-guerre.
"Royal Romance" est le nom d’un cocktail dont se délecte la jeune Justine, dont s’est épris le narrateur Daniel Flamm, un romancier sexagénaire Parisien qui nous raconte cette liaison épisodique d’avec la jeune actrice rencontrée à Montréal. Emotion nuancée d’humour, tendresse désabusée, autodérision et dépression sont les ingrédients du dernier cocktail romanesque ciselé par François Weyergans.
Alliant l’humour et la gravité, Bernard Dan fait de son roman, "genèse" en sept jours de grève dans le hall de l’aéroport Frédéric Chopin, un récit aux multiples prolongements. Les métaphores, qui se dévoilent parfois après la lecture, jalonnent le livre et nous guident dans le cheminement de Jean-Paul vers son identité juive, à travers l’héroïque combat contre la barbarie nazie de Joseph son aïeul.
Héloïse d’Ormesson a eu le nez fin lorsqu’elle a décidé de publier le manuscrit d’une inconnue (dans le monde de la littérature) que lui transmettait un libraire de Bruxelles.
Plongez-vous dans la lecture de ces fictions courtes dont l’énigmatique musique du style trouve peut-être sa source dans l’entrelacement de la poésie et de la peinture.
"La Petite Belgique", décidément, confirme de titre en titre qu’il existe bel et bien une "grande " littérature-Belgique.
De livre en livre Christopher Gérard est en train de devenir l’écrivain de Bruxelles, avec un "E" majuscule. Son dernier roman s’inscrit avec originalité dans le sillage de "Aux Armes de Bruxelles" et "Porte Louise". Avec "Vogelsang ou la mélancolie du vampire" il ré-invente aussi un genre littéraire.
L’écrivain Grégoire Delacourt poursuit son cheminement romanesque dans le sillage esthétique et émotionnel d’un Jean-Louis Fournier qui avait salué la parution du premier livre.
Dans son dernier roman en date, Alain Bertrand nous donne un portrait emphatique de l’Ardenne et de la Gaume, nous raconte un exil et une rencontre.
En accompagnant la publication de son (époustouflante) biographie de ses "carnets", Benoît Peeters nous fait entrer de plain pied dans une forme de complicité avec lui-même, il nous fait le confident de ses doutes, de ses rencontres, de son questionnement sur l’entreprise qu’il a décidé de mener à bien et à propos de laquelle il se pose d’(illégitimes) questions de légitimité.
Jean d’Ormesson aime à surprendre. Il nous donne ici un livre inattendu dans sa bibliographie : "La conversation" ou comment explorer l’instant du basculement de l’Histoire.
Plongez-vous dans ce roman qui entrelace l’Histoire et les destins de personnages de fiction, qui explore la géopolitique de l’URSS de Staline, du Maccartysme et d’un état Juif, créé par Staline au début des années trente, le Birobidjan.
A l’occasion de la publication de ses "Mémoires", Henri Vernes nous a accordé un long entretien consacré aux livres et aux écrivains. Lors d’une prochaine rencontre, il évoquera son travail de romancier.
Avec "La femme au miroir" le lecteur retrouve différentes facettes de Schmitt : le roman, le théâtre et le cinéma remarquablement imbriqués dans un livre de la veine de "La part de l’autre" : un grand roman !
La littérature n’a-t-elle pas un rôle à jouer dans le devoir de mémoire ? N’est-elle pas, en fin de compte, un instrument essentiel pour une transmission effective, de génération en génération, de la réalité de l’Histoire ? En filigrane de ce roman émouvant, Mazarine Pingeot évoque ces questions qui nous tiennent dans un salutaire éveil.
Deux lauréats couronnés par le Prix Bernheim du roman : Véronique Bergen et Vincent Engel. Pour son édition 2012, le jury comporte trois membres de
l’Académie (Jean-Baptiste Baronian, Jacques De Decker et Lydia Flem)
ainsi que Laurent Busine, conservateur du Musée du Grand Hornu,
représentant la fondation Bernheim, Marie Laberge qui apporte ainsi pour
la deuxième fois son concours et l’écrivain français Gonzague Saint-Bris.
Leur délibération finale a eu lieu la veille de la proclamation, le
vendredi 30 mars.
On n’attendait pas le romancier dans une histoire post-apocalyptique qui a surpris plus d’un lecteur habitué de la ligne "italienne" de Engel. Il nous dit ici en quoi la cohérence de l’oeuvre n’est pas contredite. Un roman fort, émouvant, envoûtant.
L’écrivain a cette élégance si particulière de ne pas se morfondre ni se complaire même lorsqu’il décrit la misère du petit peuple Juif de Russie. Mélange de Dickens et de Gogol, Cholem Aleikhem, merveilleusement servi par la traduction qui restitue la musique de la langue originelle, nous émeut et nous fait sourire à chaque histoire.
Parcourant l’histoire de l’Europe depuis 1880, date de naissance de Meier, jusqu’à nos jours, Sluszny, qui est aussi réalisatrice et monteuse de documentaires, construit son roman en tissant différents fils narratifs qui, petit à petit, reconstituent à travers le destin d’un homme, celui d’un continent.
Une des fonctions du roman est de nous donner des clés de compréhension de la réalité qui nous entoure. Avec ce premier roman, Elise Bussière fait de ce constat une démonstration époustouflante !
On connaît Roger Beeckmans cinéaste du réel, grand reporter et réalisateur de documentaires humanistes. On le découvre écrivain dans une première série de quinze contes décalés et fantaisistes publiés chez Jean-François Mouriot l’éditeur des "grands textes courts" : les Editions du Banc d’Arguin.
Au fil des pages, ce livre bouleversant nous plonge dans la vie d’une femme, Lucile, la mère de la romancière Delphine de Vigan. Le récit nous raconte le destin d’une femme, mais aussi nous interroge sans cesse sur le "comment" raconter, comment démêler le vrai de la légende...
Vous découvrirez avec ravissement les ressorts inattendus de la poésie d’une âme sensible nourrie des cultures slaves, européenne et japonaise.
"une magnifique illustration du vers déchirant de Vigny « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (Jacques De Decker)
Rencontre avec les complices du premier numéro de cette revue dont ils signent respectivement l’édito et le contre édito
Dans ce premier roman, le lecteur est enchanté par la tonalité si particulière du style souriant et sensible avec lequel l’écrivain entrelace les fils de cette réunion de famille pour en tisser le tableau d’un siècle, celui d’une famille, celui d’une centenaire, Juliette qui, à la dernière ligne, nous livrera son secret. Car, y a-t-il famille sans secret ?
Brigitte Giraud a fait le choix d’une écriture fluide et sans apprêts pour nous donner dans ce roman, le récit au jour le jour que fait le père de Mehdi à partir du jour où il apprend que son fils Mehdi, jeune adolescent d’une douzaine d’années, est atteint d’un cancer. Sa vie, celle de sa femme et de la soeur aînée de Mehdi vont basculer dans un autre monde. Le roman de Brigitte Giraud nous ouvre les portes de ce quotidien bouleversé.
Un roman qui vous donnera envie de relire ou de revoir les oeuvres des enfants géniaux de quelques mères juives...
La notion de "livre d’enfants" est ici revue de fond en comble par Floc’h dont le faux détachement à la Montaigne fait de chaque page un instant de sérénité souriante.
Le nom qui donne son titre au livre signifie « ceux qui brûlent ». Il s’agit de ceux qui au Nord du Maroc (mais dans toute l’Afrique…) brûlent leurs papiers d’identité avant d’entreprendre le grand voyage vers les côtes d’Europe. Par la fiction, Lozano restitue leur identité, leur individualité à ceux-là qui survécurent mais aussi à tous ceux qui succombèrent dans les naufrages de leurs coquilles de noix. Car la tragédie n’est pas « globale » : elle déchire chacun, seul, face à son destin.
D’un roman on ne doit pas faire la part de ce qui est vrai et de ce que l’écrivain imagine. Pour "Mingus Mood", William Memlouk fait de cette observation une ligne de conduite dans l’écriture de cette vie de Charlie Mingus.
Le roman de Le Tellier met en scène deux époques, deux protagonistes et une ville. 1985 est l’année du retour à Lisbonne d’un photographe et d’un journaliste. L’un et l’autre sont hantés par des amours anciennes dont le destin a effacé la trace qu’il s’agit de retrouver ou de ré-inventer...
Ce "retour" c’est aussi celui que le romancier effectue vers la trahison dont il a été l’objet, ainsi que tous les proches de "son traître". Cet ami, dont il n’écrit pas le nom dans le roman, héros de l’IRA, icône et exemple des révolutionnaires républicains de l’Eire était en réalité un traître à la solde de l’ennemi Britannique.
L’Afrique ne pouvait pas échapper au regard que l’écrivain, de livre en livre, porte sur les tourments du monde. S’il ne résoud pas l’équation que son titre nous propose, il l’éclaire en tous cas de la lumière humaniste et lyrique qui caractérise le style du romancier algérien.
Ce premier roman d’Anne-Sophie Stefanini est d’une belle lumière. Le livre s’ouvre sur une citation d’Albert Camus qui semble avoir irradié de soleil l’écriture de la jeune romancière.
Si vous vous posez la question du rôle de la littérature, de l’utilité du roman, de la fonction de la fiction ouvrez n’importe quel roman de Didier Decoin et vous aurez la réponse !
"Ticket d’entrée" : un roman jubilatoire dresse le portrait féroce du petit monde de la presse parisienne. Voici un roman qui renoue avec la fonction vitale de la fiction : donner à voir et à ressentir. On sort de là KO, hypnotisé, abasourdi, pourtant on a bien ri des mésaventures de Benjamin Strada le personnage principal.
De Soline de Laveleye on connaît les textes courts qu’elle publie régulièrement dans la revue MARGINALES, les poèmes et les textes dramatiques. Avec "La Chambre", elle nous invite à entrer dans une pièce blanche, en suivant le fil d’Ariane que déroule Gaëlle de Laveleye, sa soeur cadette qui est aussi une remarquable complice d’illustration.
Dans la fiction sous forme de nouvelles et de contes, le défenseur de la bonne bouffe et du terroir se révèle un auteur inattendu et inspiré.
On chercherait en vain les défauts d’un premier roman dans "Le goût du rat" tant ce huis-clos est maîtrisé à tous points de vue. Retenez ce nom, Maureen Pitz. Il reviendra à n’en pas douter sur la couverture de prochains romans !
Y a-t-il meilleur instrument pour comprendre l’Histoire, que d’en raconter les histoires ? Avec "La dame du Palatin", le romancier Patrick de Carolis répond à cette interrogation de façon éclatante.
Avec "Correspondances", une sélection de lettres réunies dans un recueil publié par les soins de Alain de Wasseige aux Editions 100 Titres, on découvre en Roland Breucker un véritable écrivain.
Elle a publié son premier livre, chez Plon, à l’âge de 15 ans. Depuis, la littérature ne l’a jamais quittée. Rencontre avec une grande dame des lettres belges : Anne Richter.
Le dernier roman d’Anne Plantagenet est envoûtant. Il nous hypnotise par le style, il nous happe à la première ligne et ne nous lâche qu’à la dernière avec cette sensation que procurent les grands livres : nous ne sommes plus les mêmes après ce livre qu’avant.
"L’assassinat d’Yvon Toussaint", le roman de Toussaint a été couronné par l’Académie Royale de Langue et Littérature de Belgique. Ce "Grand Prix de la francophonie" nous donne l’occasion de revenir sur le roman et de rencontrer son auteur qui se révèle aussi un excellent lecteur. A écouter...
"Dans les miroirs de Rosalie":un nouveau roman de Baronian chez De Fallois. On pourrait préciser un "vrai" roman pour éviter de donner à penser que ce livre appartient à une autre catégorie que celle du romanesque , comme par exemple celle, encore dénigrée, de "polar".
"Mon petit bunker", deuxième roman de Marine Bramly, explore magiquement les sortilèges de l’enfance et de l’Afrique. Après "Festin de miettes" qui lui valut le prix René-Fallet, la romancière invente un personnage émouvant de fragilité à la recherche de la flamboyance perdue des années d’enfance à Gorée.
"La tentation du pont", premier roman de Véronique Sels, nous plonge dans l’univers des sdf.
La philosophe Blanche de Richemont a choisi la voie romanesque pour nous conduire, à la suite de Lylia son personnage, dans les voies spirituelles de l’Inde. Un roman hypnotique.
Un roman autobiographique émouvant et souriant gravitant autour de François Truffaut qui a fasciné Bruno de Stabenrath. En lisant le récit de l’écrivain, on entend presque la musique si particulière de la voix du cinéaste.
"L’écrivain de la famille" : un écrivain est né et nous donne son premier roman, magistral dans l’ émotion et dans l’élégance du sourire face à la gravité. Le bonheur de l’écriture éclaire chaque page de ce roman, salué par Jean-Louis Fournier avec lequel, à n’en pas douter, existe une complicité de coeur.
Rencontrer Bernard Pivot et l’interviewer à propos d’un livre : un des grands bonheurs pour un chroniqueur littéraire ! A partager sans réserve.
Pour son premier roman, Véronique Biefnot souffle le chaud et le glacé. Une histoire qui démarre comme un roman ancré dans le quotidien et plonge petit à petit dans le dévoilement d’une tragédie d’enfance.
Daniel Simon résonne dans tout ce qu’il entreprend (poésie, fiction, atelier d’écriture, théâtre) de cette voix singulière de l’écrivain à la recherche de l’enfance, la sienne après celle de tous ceux qu’il cotoie ou à qui il s’adresse dans son travail de pédagogue.
"Tombée sur la tête", un premier roman troublant qui entrelace légèreté et gravité pour explorer les blessures de l’enfance.
Isabelle Jarry, sous le titre envoûtant de "La voix des êtres aimés", renoue avec le roman d’amour. Un roman qui évoque aussi la mort, la finitude, la passion, la nécessité de dire autant que de vivre.
Dans le prolongement de son bouleversant "Chagrin" publié deux ans auparavant, Lionel Duroy continue cette investigation de l’enigme qu’est une vie, et que seule la littérature peut déchiffrer dans ses méandres les plus intimes, les plus douloureux et les plus miraculeux.
"Les Atlantides", il fallait pas moins que le nom de ce continent englouti et mythique pour donner au lecteur une clé d’accès à ce roman de l’intime, à ce récit sur la mémoire d’un homme, le narrateur, à la recherche de ce qui, dans l’expérience la plus lointaine, a fait de lui cette énigme que l’écriture lui fera peut-être un jour découvrir ou accepter.
Chaque livre de Jean Teulé démontre combien la littérature est un formidable moyen d’entrer en Histoire ! Un roman qui se dévore, se respire, se vit et vous plonge dans les abysses les plus sanglants de la folie du pouvoir et de la mélancolie du remords d’un Roi.
Il est dans la production littéraire à laquelle le chroniqueur a accès des moments rares où le livre qu’il découvre lui apparaît d’emblée comme appartenant aux grands romans de la littérature, qui vous émeuvent, qui transforment votre regard, qui vous séduisent par l’ensemble des éléments qui le constituent : la langue, le style, les personnages, l’invention... "Les eaux amères" s’inscrivent dans cette catégorie et placent Armel Job aux côtés de Flaubert.
Catherine, une jeune avocate parisienne, doit assurer dans la Creuse la défense d’une femme soupçonnée d’avoir empoisonné son époux, un riche et vieux paysan. Tout accuse sa cliente. Mais de manière inattendue, c’est à son propre passé que Catherine se retrouve confrontée, à travers un crime jamais élucidé : celui de sa propre mère dont elle a été, enfant, le témoin innocent. La "Rigole du diable" n’a pas livré tous ses secrets…
Le romancier Yves Simon laisse souvent la place belle au poète dans les livres auxquels ils donnent des titres qui pourraient convenir à des chansons. Il en est ainsi de cette "compagnie des femmes", un hommage du poète à sa compagne Léonie.
Pourquoi et comment Philippe Besson revient sur les traces et le destin des personnages de son premier roman...
A l’occasion de la publication du roman "Papillon mortel", Evelyne Wilwerth évoque les différentes facettes de son activité littéraire : théâtre, littérature jeunesse, ateliers d’écriture...Une occasion aussi d’évoquer la figure de Neel Doff à qui Wilwerth avait consacré naguère une éblouissante biographie parue chez Bernard Gilson.
A l’occasion de la sortie de a traduction française du dernier livre de James Ellroy, son éditeur a réuni quelques journalistes pour une rencontre avec l’écrivain-star.
On ne sera pas étonné, en rendant visite au blog de Paul Emond de trouver à son fronton cette phrase de Borges : "La littérature est une forme du bonheur".
Le dernier recueil de Paul Emond contient cinq "fictions" qui sont autant de bonheur, mais dont il est à gager que celle qui donne son titre au volume attirera de prime abord le chaland, du moins en Belgique et dans la partie francophone de ce pays en particulier, où l’"homme aux lunettes blanches" est connu comme le loup de la même couleur.
Le graveur Roger Dewint a mis en image trois poèmes de Philippe Jones. Dans une typographie de Jean Coulon, les textes de Jones sont dorénavant un livre d’art. Nous avons réuni autour d’un micro le poète et le dessinateur pour un échange complice entre deux grands artistes.
Le dernier recueil de poèmes de Philippe Jones, "Couleurs d’un éveil", est une invitation à découvrir l’univers poétique d’un toujours jeune poète qui avait été fêté pour ses quatre-vingts ans par une anthologie de son oeuvre poétique dont les envols lumineux ont débuté en 1944. Deux ouvrages à (re)découvrir d’un grand poète dont on relit aussi avec bonheur les nouvelles déroutantes et les essais érudits.
Essayiste et romancier, Pierre Mertens est aussi l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles dont "Les Phoques de San Francisco" qui est le prétexte à un entretien avec Edmond Morrel sur les liens entre fiction et Histoire, notamment à partir d’une nouvelle intitulée "L’ami de mon ami".
En 1987, le prestigieux Prix Médicis est attribué à l’écrivain belge Pierre Mertens pour son roman "Les éblouissements". Ce roman majeur, toujours disponible en format de poche, fait l’objet d’une réédition en janvier 2011 donnant l’occasion de le découvrir ou de le relire dans son format original.
Derrière ce (magnifique) titre, le dernier opus de la romancière belge Françoise Lalande.
"Le petit homme et Dieu" est une méditation sur la passation du savoir, sur le questionnement des origines, sur l’écoute de l’autre. Le dernier livre de Kitty Crowther donne une nouvelle fois toutes ses lettres de noblesse à la littérature pour enfants. A partager.
Les Editions Quadri publient de façon trop confidentielle le deuxième roman d’un écrivain qui est aussi historien de l’art, bédéiste, galeriste et...éditeur.
"Quand je pense que Beethoven est mort et que tant de crétins vivent… !" sous ce titre provocant, une phrase que prononçait sa professeure de piano, Eric Emmanuel Schmitt poursuit son projet d’écrire sur des "Maîtres de vie" que sont pour lui les musiciens Mozart (à qui il a consacré son précédent ouvrage "Ma vie avec Mozart"), Beethoven et, bientôt, Schubert et Bach.
Un album étonnant, qui n’appartient à aucun genre et les mêle tous : la BD, l’illustration, le roman, la nouvelle... le tout dans un habillage hors norme. Tout intrigue dans ce livre, et l’histoire ne manque pas de contribuer à alimenter la curiosité : le narrateur paranoïaque est obsédé par une malédiction dont il voit le signe partout.
En réhabilitant la mémoire de Denise Glaser, en racontant la gloire et l’abandon de cette femme qui fut une vedette des média dans les années 60, c’est à dire, une icône de télévision, Colombe Schneck retrace le portrait d’une époque, salue le combat et la générosité de celle qui fut, à cause de ces qualités-là, plongée dans l’oubli, abandonnée par ses pairs, trahie de façon irréparable. Une terrible réflexion sur la gloire et sur l’éphémère. Deux synonymes.
Derrière ce titre extrait de la "balade des pendus" ("Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre", se déroule un envoûtant roman qui se lit comme une fable orientale. Place de la Contre Escarpe surgit un jour, un jeune garçon qui psalmodie d’énigmatiques prophéties...
Hélène Grémillon pour ce premier roman a pris le risque de l’Histoire. Au lieu de s’inspirer de ce qui constitue la mode des "auto-fictions", elle a placé son roman au coeur de l’Occupation.
De Yann Kerlau on connaissait trois livres, des essais consacrés à des figures de l’Histoire comme Cromwell ou les Aga Khan). On découvre avec bonheur que ces livres annonçaient un romancier.
Si cet entretien avec Pierre Mertens, une des grands écrivains de notre temps, doit avoir une vertu, ce serait de donner envie de lire ce livre aujourd’hui : comme toute oeuvre de fiction, "une paix royale" nous dit bien davantage que ce dont elle parle.
C’est un bonheur de rencontrer Igal Shamir, de l’écouter et de le lire.
Vous souvenez-vous du "Grand blond avec une chaussure noire" ? C’est d’un de ses livres que le film a été adapté. Et Hollywood s’apprête à en faire un remake ! Avec "Via Vaticana", vous retrouverez le personnage fétiche de Shamir : un virtuose, violoniste international, mais aussi un "ex-007", ayant travaillé pour les services secrets israéliens.
Pour ce roman, comme pour tous les écrits de Pierre Mertens, une nouvelle lecture à vingt de la première édition,rend compte de la vraie configuration universelle de ces textes : hors du temps et hors de la géographie.
Ne cherchez plus quel cadeau déposer sous le sapin : « Modèles réduits », le dernier recueil de nouvelles de Jacques De Decker est un enchantement. Le livre vient de sortir dans un écrin de toute beauté, un coffret, conçu et publié par « La Muette », une maison d’édition belgo française.
La lecture publique par Marie-Christine Barrault d’extraits du livre de Yves Aillerie nous a donné l’occasion d’une une rencontre avec la comédienne, véritable ambassadrice de la lecture et du livre, ais aussi, comme vous l’entendrez, des bibliothèques.
Voici un livre vertigineux !Roman sur la mémoire, roman sur l’aliénation , « La ballade de Lila K » raconte à la première personne le récit d’une petite fille enlevée à sa mère quand elle a 6 ans et placée jusqu’à sa majorité dans un Centre de rééducation. Nous sommes au 22ème siècle, dans une mégalopole partagée en deux territoires : l’un, hyper protégé, l’autre « la Zone ».
Delphine Bertholon , pour nous parler de ce cinquième roman, évoque comment naissent les personnages, les lieux, comment un immeuble devient un personnage vivant et énigmatique, comment surtout le roman peut devenir un instrument de compréhension des êtres les plus inaccessibles.
L’essayiste et journaliste Sophie Fontanel écrit sous forme de roman la vieillesse de sa mère, cet âge à partir duquel l’enfant grandit et devient le parent de sa mère. Une succession de tableaux et de saynètes nous racontent avec humour, tendresse et humanité cette découverte de soi et de l’autre.
Ce premier roman est un livre de deuil,mais aussi une métaphore du roman : peut-on, faut-il inventer une vie pour accepter la mort ?
Le dernier roman de Philippe Claudel est peut-être la quintessence de son oeuvre romanesque. Dans cet interview, il raconte comment, pour lui, raconter des histoires est la fonction première du roman. Dans ce livre-ci, le romancier entre de plain pied dans le registre symbolique, dans la métaphore.
"Une épopée tragico-burlesque qui décrit à quoi ressemble la nouvelle Pologne capitaliste, et à travers elle, une certaine Europe d’aujourd’hui, quand elle oublie son histoire"
Sept nouvelles qui sont autant de ravissements de style et d’esprit. Sept nouvelles écrites par un orfèvre digne de Frédéric Brown. La nuit sans fin est parue aux Editions "L’oie de Cravan"
Un roman s’inscrit hors du temps lorsqu’il devient un classique. C’est le cas des "Bons Offices". Découvrez le si vous ne l’avez jamais lu. Re-découvrez le si vous étiez parmi ses lecteurs en 1974 : vous ne le reconnaîtrez pas. On le dirait écrit aujourd’hui.
Voici sans doute le livre le plus rafraîchissant de cet été débutant. David Abiker nous dit la France des années 8O vue à travers les curiosités inassouvies d’un petit David qui observe et commente dans un style d’une justesse émerveillée et attendrissante les petits événements qui jalonnent ces années où l’enfant attend d’être enfin adolescent.
Une cure de bonheur, d’enfance, d’universel…
Si les pages de ce livre étaient un miroir, vous vous y verriez souriant à chaque ligne comme d’une friandise.
Dans son roman, Dominique Baudis démontre que la fiction est sans doute le meilleur instrument de compréhension de l’histoire… mais aussi celui qui permet de témoigner du monde comme il se vivait. Enfin, la littérature de cette qualité nous aide à comprendre l’aujourd’hui en explorant l’hier…
Michèle Halberstadt qui est aussi productrice de cinéma nous fait découvrir à nouveau la force hallucinante de l’écriture romanesque. Après "L’incroyable histoire de Mlle Paradis", elle nous revient avec un superbe roman sur l’identité et le mensonge. A lire !
Une rencontre passionnante avec Frédéric Lepage, romancier et cinéaste, permet de mieux se rendre compte de la place essentielle que la littérature dite "jeunesse" devrait occuper dans nos bibliothèques...
"Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir". Cette phrase est de Henri Matisse. Elle est aussi le titre d’un livre hors norme qui essaie de répondre à cette question : comment redonner la parole à ces malades qui vivent dans le terrible exil de l’alcoolisme ? C’est la gageure réussie à laquelle s’est confronté l’écrivain Yves Aillerie en associant magistralement dans son art d’écrire, celui des médecins et celui du peintre Matisse. Personne ne peut dire si de cette aventure où la réalité et la fiction s’entrelacent intimement, la médecine retirera des enseignements. Mais à la lecture de cet ouvrage atypique, notre regard sur la souffrance de l’alcoolique se sera enrichi de l’émotion et de l’empathie dont Yves Aillerie a témoigné à chacune des étapes de ce livre aussi inclassable que bouleversant.
Un destin fabuleux, mais aussi un récit qui, de la première à la dernière ligne, captive le lecteur, le prend dans les filets que seule une romancière sait tisser. Parce que c’est un vrai roman que ce livre haletant, écrit avec brio, avec style, avec passion.
Dans cet entretien, la romancière Janine Boissard raconte la génèse de ce livre, elle nous dit l’enthousiasme de la rencontre avec ses lecteurs, elle nous révèle sa manière de travailler. C’est à une sorte de compagnonnage attentif que cette grande dame nous invite.
"Loin de Bissau" : un roman qui se lit d’une traite. Il vous accompagne ensuite, longtemps,par la grâce d’une écriture qui réussit autant à dire qu’à évoquer.
Rencontrer Jean-Baptiste Baronian constitue toujours un vrai bonheur, tant ce diable de conteur est un gourmand de mots et d’histoires. Il nous parle de son dernier roman en date : "Le bureau des risques et périls"
Adrien Goetz démontre une fois de plus combien le romancier est un explorateur de l’Histoire. Se basant sur une histoire vraie, Goetz fait du coiffeur attitré de Chateaubriand le narrateur de ce roman-confidence qui nous plongera dans "la vérité" de ce personnage hors norme qui était tellement admiratif de son illustre client, qu’il en conservait les cheveux pour en réaliser des tableaux !
Chaque grain de sable de ce "Sablier du jour" est un enchantement auquel nous convie la romancière Bérengère Deprez.
Une rencontre entre deux écrivains de premier ordre, à écouter pour découvrir, chez le premier Pierre Mertens la vocation d’un écrivain, son engagement, son travail, ses interrogations et l’investigation constante d’une œuvre que seul, le second, Jacques De Decker, pouvait éclairer avec un regard et une écoute d’intellectuel engagé dans le questionnement du monde, mais surtout d’artiste et d’écrivain.
"Est-ce qu’on peut changer ?"...voici la question à laquelle s’affronte Eric Emmanuel Schmitt dans ce recueil de nouvelles centrées sur la rédemption, rédemption prise dans son acception la plus large...
Une écriture cristalline pour aller au plus près des deux personnages du dernier roman de Corinne Hoex, une mère mourante et sa fille qui tente jusqu’au dernier instant le signe d’un amour à jamais inexprimé.
Voici un des premiers romans d’une génération, celle qui "a fêté ses dix ans avec le génocide rwandais". Alice Zeniter ne se contente pas de raconter les péripéties que traversent ses trois personnages, Alice, Mad et Arabesque mais leur donne un véritable langage romanesque qui nous fait découvrir des jeunes gens engagés, attachants, entiers.
« Des écrivains du monde pour Haïti » invite à la lecture solidaire de textes inspirés, dans l’émotion de l’artiste, par la tragédie de Haïti. Les écrivains ont répondu à cet appel et envoyé les premiers textes que vous lirez ici. Dans un an, ils donneront naissance dans un an à un nouveau recueil, accompagné d’un bilan des actions entreprises grâce aux fonds récoltés par la première édition. Celui-ci sera publié le 12 janvier 2011, date anniversaire du tremblement de terre.
Plongez-vous dans la "Nuit du Monde" : le bonheur d’écrire de Roegiers est contagieux et devient, pour son lecteur, une vraie jubilation à chaque mot, chaque ligne de ce très, très puissant roman.
Dans son appartement jonché de livres, surplombant une voie ferrée dont provenait, comme d’une mémoire ancienne, le grondement des convois, Pierre Mertens parle de "L’Inde ou l’Amérique", de l’écriture, de l’enfance, de Kafka et de Camus, de Jean Cayrol, de la littérature... Une rencontre à écouter avant de se (re)plonger dans la lecture d’un écrivain majeur.
"La diva aux longs cils" est un livre essentiel. Pour ouvrir ce volumineux recueil de poèmes, Charles Dantzig a réuni trois brefs essais consacrés à l’art poétique, écrits respectivement en 2010, 2002 et 2003. Dans chacun le poète Dantzig essaie de définir la poésie. Il s’y interroge symboliquement ou effectivement comme dans l’essai daté de 2010 où Dantzig interviewe Dantzig dans un dialogue époustouflant.
De la plus belle manière, Gérard de Cortanze plonge son lecteur dans le cœur de la société française des années disco…
Dans un décor qui n’est situé dans aucune géographie, c’est à dire dans toutes, Khadra raconte une communauté d’exclus, vivant sur une décharge publique en bordure de mer. Une ville, au loin:celle dont ils ont tous été vomis.
Livre bouleversant que celui de Guillaume de Fonclare. Dans une écriture superbe, il entrelace la souffrance individuelle et la tragédie qu’éveille encore dans nos conscience les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale.
Chaque page du dernier roman de Véronique OLMI irradie d’une émotion à fleur d’âme et d’une écriture maîtrisée dans la sobriété et dans la profondeur.
Une rencontre avec Jean-Philippe Toussaint dans le studio d’enregistrement où il lit son dernier roman "La vérité sur Marie" bientôt édité en version sonore chez Audiolib...et en avant première deux extraits à écouter.
Il y a chez Colette Nys-Mazure toute la magie de l’écriture lorsqu’elle se déploie sous la plume miraculeuse de la poésie authentique, celle qui laisse battre la prosodie du coeur.
Georges Bataille se demandait : « Comment nous attarder à des livres auxquels, sensiblement, l’auteur n’a pas été contraint.. ». Avec Jan Baeten, la question ne se pose pas. Ecrivain et poète vrai, l’auteur de "Pour une poésie du dimanche" par son talent, son travail d’orfèvre, son engagement dans l’acte d’écrire nous donne le bonheur de lire, et de relire, de nous attarder sans fatigue ni lassitude sur ces sonnets qu’il consacre aux poètes du dimanche.
Lorsqu’un roman ouvre sur un horizon nouveau dans lequel le lecteur est saisi d’emblée par un souffle qui l’emporte dans le récit, qui le place au cœur des tourmentes et des orages, qui lui fait vibrer l’âme à l’unisson des personnages, il ne peut naître que d’un écrivain authentique. Parfois, rarement, ce souffle-là surgit dès la première œuvre. C’est le cas avec Estelle Nollet.
Dans ce recueil de textes courts, Jacqueline De Clercq décline différentes formes de fictions brèves. Elle longe les frontières stylistiques de l’essai, qu’elle écrit avec la légèreté de la narratrice qui aime raconter les histoires, celles de la nouvelle, qu’elle nourrit d’une érudition dépourvue de vanité. Elle allie ainsi l’exigence de précision et le besoin d’entrelacer la réalité et l’imaginaire sans que jamais l’une n’étouffe l’autre.
Le dernier livre de Soil témoigne avec sensibilité d’une époque, la fin des années 60, et nous permet de mesurer la distance que peuvent créer quatre décennies, si elles sont cruciales comme elles le furent pour le narrateur autant, à n’en pas douter, pour l’écrivain qui signe ici avec la sincérité du coeur un ouvrage ciselé.
Ouvrez ce livre à n’importe quelle page. Le hasard fait toujours bien les choses quand il musarde parmi les 600 qui constituent le livre. Il n’y en a pas une qui ne soit enchantement.
Et puis, lorsque les yeux se lassent, glissez un cd dans le lecteur : "Le jaseur boréal", c’est le plus récent. Il parle d’un oiseau migrateur habitant dans la taïga...
Ou alors, ouvrez le dernier livre paru dans la collection "Espace Nord" : "Mon terroir c’est les galaxies"...tout est dit dans ce titre qui définit Julos. Le proche et l’universel.
Dans cette rencontre, le romancier répond à notre curiosité sur l’inspiration romanesque. Cette interrogation, l’auteur la suscite en exergue de son livre lorsqu’il se désolidarise du fait-divers qui lui a inspiré « Tu ne jugeras point ». Avec des personnages ancrés dans leur terroir, le romancier poursuit sa vocation première qu’il emprunte à Giono : un romancier doit raconter des histoires. C’est cela qui déclenchera le questionnement et nourrira le lecteur. « Moi, je suis un raconteur d’histoires. Tout simplement. Je ne songeais jamais arriver au roman. Ce qui m’intéresse, c’est de regarder la vie autour de moi. Ce qui me fascine, c’est le spectacle de la vie. »
Un essai passionnant que vont s’arracher toutes celles et ceux qui s’intéressent au septième art, à la technique de l’écriture, à l’art du scénario, aux « trouvailles narratives » que Luc Delisse aime découvrir dans les films les plus variés. "C’est un livre d’amour" s’exclame-t-il dans l’interview....
Absorbez-vous sans tarder dans ce recueil...Si vous en commencez la lecture par "Le maître du savon", vous entrerez de plain-pied dans l’oeuvre d’un maître de la nouvelle....
Dans cet entretien Sorj Chalandon raconte la relation troublante entre l’écrivain et ses personnages, la confrontation indispensable avec l’écriture, le questionnement permanent de la marge mouvante qui tremble entre vérité et mensonge. Et au-delà, le surgissement du doute...Un grand roman, un très grand roman.
C’est le troisième roman que Leonora Miano consacre à l’Afrique après "Contours du jour" qui obtint le Prix Goncourt des Lycéens en 2006 et "Tels des astres éteints". Ecoutez cette voix d’une grande dame de la littérature francophone…
Dany Laferrière écrit au début du livre : « les histoires ne sont ni petites ni grandes, elles sont toutes reliées entre elles »… La sienne tient de l’universel par la magie de l’écriture qui mobilise les cœurs, l’âme et l’intelligence…
"Quand c’est moche, on se dit que ça n’a pas été construit..." ...une des phrases de cet entretien avec Samuel Benchetrit qui répond aux questions d’Edmond Morrel. Son dernier roman va transformer votre regard sur les banlieues...
Un livre qui brise le silence, cimentera aussi un lien entre la communauté des lecteurs et ceux qui partagent la vie des « Philippe », le personnage central du récit que nous donne Anne Icart. Ecoutez cette écrivain:dans sa voix comme dans son livre, on entend vibrer ce qui s’appelle humanité.
Rencontrer Pascal Vrebos hors de ses studios quotidiens, c’est découvrir un auteur attachant, intelligent, sensible et profondément humain. Observateur attentif de la condition humaine, il la raconte avec la vraie intelligence de ceux qui ne condamnent pas, mais qui veillent à ne jamais être dupes.
Philippe Carrese signe ici un roman magnifique, troublant, fort et grave. Cet ouvrage est d’une profondeur qui donne le vertige, un livre qui nous place au bord du gouffre. Il questionne la nature humaine. L’action se déroule en 1945, en Slovaquie. L’enclave, c’est le camp de travail de Medved’. Les soldats allemands ont pris la fuite et livré les prisonniers à eux-mêmes...Prisonniers de la liberté ?
A la Librairie Saint-Hubert à Bruxelles, immobilisez le temps quelques minutes pour écouter la voix envoûtante de Céline Tertre. Placée à l’exacte et magique distance du texte de Caroline Lamarche, la comédienne nous restitue le phrasé si particulier de cette confession érotique...
Quand Philippe Geluck se lâche, c’est comme un clown qui se démaquille.
Quand on envoie un email en été à Vincent Engel, on reçoit cette réponse : "comme chaque année je suis en Italie pour écrire »…
Voici un livre dense, beaucoup plus dense que ce que le nombre de pages ne peut indiquer...même si ce fort volume en compte 760 ! Se plonger dans sa lecture, c’est entreprendre un voyage, mais pas n’importe quel voyage…la traversée du livre est faite de méandres sinueux, de retours en arrière, de rencontres, de questions…
Un roman bouleversant, percutant, un roman qui démontre avec émotion, avec toute la puissance de l’émotion, avec empathie aussi, que la fiction est un instrument irremplaçable de compréhension du monde qui nous entoure et qui, si souvent , nous aveugle…
Dans son émouvant roman, paru aux Éditions Luc Pire, la poétesse Rose-Marie François nous emmène sur le chemin escarpé de la mémoire. Elle a porté ce roman pendant près de vingt ans avant d’y inscrire, au bout de la dernière page, le mot "fin" et de nous le donner à lire.
La poésie comme source et raison de vie, comme chemin et destination, comme voyage de l’âme dans l’appréhension de l’indicible : André Sarcq est un poète absolu. Condamné par la maladie à une mort prématurée, il se donne à la poésie. Y eut-il dans cette démarche un épuisement de la fatalité ? Peu importe de le savoir. La poésie reste. Le poète vit et travaille. Encore et encore. Il écrit pour exténuer le destin injuste, et il lui a fait faux bond et vraie poésie.
Voici un roman qui enchantera les lecteurs s’ils se laissent conduire par le style élégant et drôle d’Ondine Khayat. Elle vous entraînera dans les méandres de l’âme masculine, dans les tourments du sexe dit "fort", dans les vertiges du questionnement au sein de la vie de couple...
Ce livre est un des livres les plus émouvants de ces dernières années, roman d’initiation, plaidoyer pour l’empathie, récit d’amour, poème de la rencontre...c’est un livre monde...
Luc Leprêtre publie aujourd’hui un roman jubilatoire sur un groupe de jeunes trentenaires qui en ont assez de ne pas trouver de boulot et décident de créer leur entreprise. Banal direz-vous. Oui mais leur outil de travail sort de l’ordinaire : la chaise roulante ! Leurs clients se recrutent parmi les citadins pressés. Leurs terrain d’activités se trouve aux accès prioritaires des caisses de grandes surfaces commerciales (en période de fêtes surtout), de salles de spectacles, de parcs d’attraction...
Lorsque j’ai rencontré Luc Leprêtre, je venais d’achever la lecture de son récit écrit avec le Professeur Marcel Rufo . Le livre publié au printemps dernier aux éditions Anne Carrière, faisait entendre en alternance la voix du médecin en écho à celle de Luc Leprêtre qu’un accident de montagne avait rendu tétraplégique.
Alexandre MOIX est un auteur rare, un raconteur d’histoires, un pourfendeur d’ennui, un guide virevoltant dans le monde aventureux de l’imaginaire. Vivez les aventures que vous lisez : il suffit d’ouvrir les livres d’Alexandre MOIX et de partir à la poursuite des cryptides qu’il nous fait découvrir....
Ce livre drôle et sérieux à la fois est la lecture la plus vivifiante de cet été... Ecrit de la plume alerte d’un académique qui a toujours choisi le verbe haut et clair plutôt que le bois obscur de la langue du même nom, l’essai de Jean-Marie Klinkenberg est un régal de pétillance et de drôlerie : à lire au volant de son kwistax sur la digue !
Voici un titre paradoxal pour une collection et pour chacun des livres qui la composent ! "Dictionnaire" évoque le sérieux, l’exhaustif, l’inexpugnable, le référentiel..."Amoureux" éveille en nous la légèreté, la fantaisie, les chemins de traverse...Mêler ainsi ces deux univers ne pouvait qu’engendrer le plus bienheureux des effets...
Un très beau roman, très émouvant, très vrai qui vous entraîne dans les filets d’une amitié passion. Ecrit avec la limpidité d’un connaisseur d’âmes, le romancier et psychanalyste Philippe Grimbert.
Rencontre avec un écrivain érudit, populaire et jubilatoire qui revendique d’écrire pour son lecteur et pour personne d’autre, un écrivain-bibliothèque qui donne envie de lire ses propres livres, mais ceux de sa bibliothèque idéale... Plongez-vous dans le dernier livre de Musso et dans tous ceux qu’il évoque !
Une rencontre roborative avec Jean-Luc Barré, nouveau directeur de la collection mythique "Bouquins"...Il en parle avec l’énergie et l’enthousiasme souriant des grands intellectuels qui aiment leur métier et qui en font une passion partagée. N’est-ce pas la meilleure définition du métier d’éditeur ?
Voici un roman qui vous emporte comme à bord d’une machine à explorer le temps dans le Paris du XIXème siècle. On y découvre le portrait saisissant de la vie quotidienne d’un médecin à Paris Jean Corbel, fils d’un marchand de couleurs. Ce roman est aussi un « thriller » haletant dont le peintre Manet est le protagoniste involontaire. Un de ses tableaux les plus célèbres inspire un monomaniaque qui reconstitue « le déjeuner dur l’herbe » en construisant des scènes avec des mannequins pour représenter les hommes et le cadavre d’une femme nue…
Le nouveau roman de Tahar Ben Jelloun s’inscrit d’emblée dans une bibliothèque idéale, celle où l’on place les livres qui transforment notre vision du monde.
« Tenter de dire l’émotion érotique, ses crues et ses tarissements, c’est tenter de dire l’indicible. Or cet indicible-là, pour moi, se lie inextricablement à deux autres champs où les mots manquent : la mystique et la musique. Dans la première, une extase et une transformation des sens voisines de l’expérience érotique ; dans la seconde, une fluidité et un accord des rythmes si proches de l’harmonie des corps." Sandrine WILLEMS
Interviewer Elena Lenina offre l’occasion de rencontrer une personnalité attachante mais souvent sur la défensive à force d’avoir fait la une des magazines people. Elle appartient pourtant à l’école des écrivains qui aiment raconter des histoires et qui les racontent pour qu’on les lise ! Ne boudons pas ce plaisir-là.
Un livre idéal par un écrivain qui parle avec passion de l’écriture, de la musique, de l’opéra et que l’on écouterait pendant des heures, n’était la hâte de le lire toutes affaires cessantes…
Poète, nouvelliste, essayiste, Colette Nys-Mazure nous offre son premier roman empreint de l’humanisme et de la bienveillance qui caractérisent l’œuvre de cette grande dame de la littérature francophone.
« Le réel est pris en sandwich entre deux imaginaires : le souvenir et l’imagination » (Edgar Morin)
« La maîtresse du commandant Castro » offre un vrai bonheur de lecture, un bonheur absolument romanesque à celui qui se plonge, comme le narrateur qui ouvre et ferme le livre, dans le récit que lui fait une vieille dame, à la fin de sa vie…
« Brillante collaboratrice d’un créateur de mode, engagée depuis peu dans une action humanitaire, Sophia, 32 ans, fonceuse et dynamique, semble réussir tout ce qu’elle entreprend… Mais le décor a son revers : des tensions dans sa vie amoureuse et un ras-le-bol professionnel plongent la jeune femme dans un profond tumulte intérieur. Dépassée par son tempérament volcanique, gagnée par l’incertitude et le doute, elle décide de remettre sa vie en question..."
Mars 1964. Une jeune femme Kitty Genovese est assassinée à coups de couteau par un prédateur psychopathe. Le meurtre se déroule dans le quartier de Queens à New York. A leurs fenêtres, 38 témoins de l’agonie de Kitty. Pas un seul n’interviendra. Pas un seul n’appellera la police.
Didier Decoin a choisi ce tragique fait-divers pour le transformer en roman, un roman poignant, qui vous saisit à la gorge et vous étreint la conscience de cette question qu’un des personnages pose à la fin du récit : « Et toi ? Toi qu’aurais-tu fait si tu avais été témoin de ce massacre ? »
« Ce livre est un roman vrai. Les faits majeurs relatés sont vérifiables » : voici l’avertissement placé à l’entrée de « EREVAN » qui retrace les différentes étapes ayant conduit au génocide arménien en 1915. Roman vrai qui démontre combien l’écriture romanesque permet le passage de la connaissance à la conscience.
Serge Bramly est romancier et essayiste. On lui doit des essais sur l’art, la Chine, la photographie. C’est ce que nous précise la quatrième de couverture de son dernier roman. Elle omet d’indiquer qu’un flux continu alimente ces deux activités de Serge Bramly. Et cela donne, aujourd’hui, ce roman palpitant, foisonnant, érudit. Plus de six cent pages qui se lisent d’une traite, et dont le style évoque John Le Carré, Joseph Conrad, Alexandre Dumas, Balzac !
L’écriture et la lecture, l’amour de la littérature, de la vraie, celle qui raconte des histoires.
C’est de tout cela que parle le dernier roman jubilatoire de Jean-Philippe Bondel, dont un des personnages s’exclame : « Donnez moi des histoires, nom d’un chien, donnez moi des personnages et des intrigues, donnez-moi du style et des mots qui sonnent, donnez-moi des métaphores inusitées et des métonymies qui crucifient. Du corps, c’est cela, donnez-moi du corps ! »
« Kinshasa ou Léopoldville
Poubelle dit-on, mais à mes yeux la plus belle.
Très bruyante et très odorante.
J’y conserve les meilleurs souvenirs du plus beau morceau de ma vie.
Mon enfance, mon « love story », mon deuil, mes larmes.
Mon père… ! »
"Où fut la vérité de cet homme qui est mon père ?"
Le livre de Dominique Fernandez tente de répondre à cette question que se pose l’enfant de quinze ans devant le lit de mort de son père, et, ensuite,« en tête de la procession funèbre »
« Scrute bien ce visage, semble me dire le mort, regarde s’il n’y a rien à sauver de cette vie que je suis le premier à trouver déplorable.. »
Ramon Fernandez fut « l’un des plus grands intellectuels de son temps, socialiste à 31 ans, immense critique littéraire à la NRF et dans un journal de gauche à 38 ans, compagnon de route des communistes à 40…il bascule en 1937 dans le fascisme et devient collabo à 46 ans…"
Il meurt à la fin de la seconde guerre mondiale, au terme d’un long suicide alcoolique.
Le dernier livre de Jean d’Ormesson invite à la curiosité jubilatoire devant la beauté du monde et de la littérature…
Il ouvre l’appétit gargantuesque de lire les livres qu’il évoque, de voir les lieux qu’il a aimé, de respirer l’arôme de la vie qu’il chante.
Livre hors norme…livre d’une rencontre entre deux écrivains…Récit de la vie de l’un, Malek Chebel, raconté par l’autre, Janine Boissard…regard de femme sur la vie d’un homme, ou plutôt de son enfance jusqu’à son entrée dans la vie qu’il a choisi de se donner, vie consacrée au partage du savoir, à la tolérance, à la compréhension mutuelle.
Ce roman est un bonheur à différents titres, qui correspondent à autant de lectures qu’Isabelle Jarry nous invite à lui donner… Le roman met en scène une narratrice, Ariane, dont le prénom n’est pas innocent : elle déroulera au long du récit le fil qui lui permettra, à la dernière page, de saisir le sens des événements qui surviennent dans cette « Traversée du désert ».
Voici un roman qui s’inscrit d’emblée dans la bibliothèque de la conscience humaine.
« Il n’y a d ‘étranger que ce qui n’est pas humain », cette citation de Giraudoux figure en épigraphe du dernier roman d’Eric Emmanuel SCHMITT et résume, de façon fulgurante, le regard que porte ce philosophe de l’empathie sur notre monde.
Après « Les piliers de la terre » vendu à 90 millions de lecteurs à travers le monde, le nouveau roman de Ken Follett replonge dans le haut Moyen âge. « Un monde sans fin » se déroule deux siècles après les « Piliers de la terre ».
Le nouveau défi de Bernard Pivot : sauver 100 expressions françaises menacées de disparition...
Le nouveau roman d’Olivier Poivre d’Arvor est un vrai roman : par la fiction, par le romanesque l’auteur nous fait ressentir au plus près une émotion intense dans la rencontre qu’il nous propose avec les trois narrateurs du très beau livre qu’il publie chez Grasset, "Le voyage du fils"...