Voici un essai qui fera date dans la bibliographie concernant à la fois Gide et Louÿs, sujets du dernier livre de Dellisse, mais aussi dans celle de Valery, troisième larron de cette amitié tourmentée entre écrivains. Dans le reflet de chacun des chapitres courts que constitue ce livre hors norme, nous apercevons le regard de Luc Dellisse dont l’enjeu de ce livre est de comprendre pourquoi "la littérature n’est pas une musique qui accompagne (sa) vie, mais (sa) vie en chair et en os"....
Nous avons rencontré Luc Dellisse quelques semaines après la sorti de ce livre dont il parle avec une faconde inépuisable, et nous annonce la prochaine parution d’une biographie de Louÿs que nous attendons déjà avec impatience.
Edmond Morrel
Sur le site des Impressions Nouvelles
"L’histoire de cette amitié ne dure que sept ans (1888-1895). Mais ces années déterminantes auront des effets durables pour les deux protagonistes. Après leur rupture, ils ne cesseront de se souvenir des turbulences de leurs rapports durant la période de leur formation littéraire. Gide surtout est conscient que, sans sa rencontre avec Pierre Louÿs, sa carrière, sa vie même, auraient été très différentes.
Beaucoup de choses pourtant les séparaient. Pierre est enthousiaste, organisé, batailleur, érudit, précoce, brillant, extraverti, dépensier, collectionneur de rencontres féminines et il a un culte décidé pour l’Antiquité. André est lent, prudent, sensible, réservé, nuancé, un peu avare, chaste jusqu’au moment où il découvre son homosexualité, et soucieux, dès ses premiers livres, d’imposer sa figure. Il est calviniste jusqu’au bout des ongles.
Ce livre est le récit de l’évolution des rapports entre les deux jeunes écrivains, depuis la fin de leur adolescence. Leurs voyages, leurs projets, les revues auxquelles ils collaborent, les personnages qu’ils fréquentent, tels Mallarmé, Oscar Wilde et Paul Valéry, rythment ces années décisives. Leur rupture a lieu en mars 1895. Ils passent de l’amitié fusionnelle à l’incompréhension la plus totale. La suite de leurs relations, une forme certaine de mépris et de détestation, révèlent la profondeur de leur brouille, et surtout, son « mystère », qu’on s’efforce ici d’expliquer.